Les électeurs du Mississippi ont voté mardi en nombre sur un amendement faisant de l'embryon un être humain à part entière, ce qui priverait les femmes de cet État du Sud des États-Unis du droit à l'avortement et pourrait rendre illégales des méthodes contraceptives.

Ce vote sur l'amendement 26 à la constitution du Mississippi, qui pourrait remettre la question de l'avortement au centre du débat pour la prochaine élection présidentielle, a débuté mardi à 07h00 locales et s'achèvera à 19h00.

Les électeurs de l'État, un des plus conservateurs des États-Unis, sont invités à répondre à la question suivante: «Le concept de personne doit-il être redéfini afin de désigner comme être humain tout embryon dès la fécondation ou dès son clonage?».

La question a été soumise au vote à l'initiative de l'organisation conservatrice Personhood, qui milite contre l'avortement («pro-life»).

«Il y aux États-Unis une catégorie de personnes qui ne sont pas protégées par la loi et qui sont tuées en masse chaque jour», explique l'organisation à propos des embryons avortés.

Selon un dernier sondage réalisé par Public Policy Polling et publié lundi par le journal Politico, 45% des électeurs soutiendraient cet amendement, contre 44% qui s'y opposeraient et 11% d'indécis.

«Ce vote est la première étape d'un combat national: l'avortement ne sera plus autorisé dans ce pays», a expliqué à l'AFP Regina Madison, une femme de 45 ans qui a voté pour l'amendement 26.

Les deux candidats au poste de gouverneur du Mississippi, dont l'élection a lieu ce mardi également, se sont également prononcés pour.

«Je crois que la vie commence dès la conception. C'est pour cela que je pense que la bonne chose à faire est de voter pour», a confié le gouverneur républicain Haley Barbour au quotidien Clarion-Ledger.

L'adoption de la mesure aboutirait à rendre illégales certaines pratiques contraceptives, comme la pilule dite «du lendemain», tout comme le recours à certains traitements contre l'infertilité, les fécondations in vitro et la recherche sur les cellules souches embryonnaires, selon ses adversaires.

«Cela pourrait interdire l'avortement y compris dans les cas de viols, d'incestes ou de menaces pour la vie de la mère», explique l'organisation Naral, qui défend le droit des femmes à choisir si elles veulent avorter («pro-choice»).

«Cette mesure est le parfait exemple d'un gouvernement qui va trop loin et qui dispute aux femmes le contrôle de leur propre corps», a renchéri la principale organisation féministe américaine, la National Organization for Women (NOW).

Un référendum similaire a déjà été organisé dans le Colorado, mais il avait abouti au rejet des amendements proposés.

Personhood prépare cependant des campagnes en Floride, Ohio, Dakota du Sud et Montana, a indiqué un de ses responsables, Gualberto Garcia Jones.

Leur objectif est d'interdire les avortements, un droit constitutionnel acquis par les femmes aux États-Unis en 1973 grâce à l'arrêt «Roe contre Wade» de la Cour suprême.

«Nous croyons qu'en changeant la définition légale de ce qu'est une personne, nous pouvons remettre en cause l'arrêt Roe contre Wade et rendre l'avortement hors-la-loi», explique Keith Mason, présidente de l'organisation Personhood.

Lors de sa prise de fonctions, Barack Obama s'était engagé à défendre le droit des femmes à l'avortement à l'occasion du 36e anniversaire de cet arrêt.

En 2008, 1,21 million d'avortements ont été pratiqués aux États-Unis. Bien que l'avortement soit un droit constitutionnel, plusieurs États ont adopté des mesures contraignantes.

L'an passé, les parlementaires de l'Oklahoma ont ainsi approuvé une série de lois qui autorisent les médecins à ne pas divulguer les résultats d'analyses sur des malformations du foetus.