Le chef d'un groupe de soldats américains, accusés d'avoir exécuté trois civils afghans en 2010, voyait dans les Afghans des «sauvages», a raconté lundi l'un des membres de cette bande lors du procès de ce meneur présumé, devant une cour martiale.

Le procès du sergent Calvin Gibbs, 26 ans, a débuté vendredi à la base militaire de Lewis-McChord, au sud de Seattle.

Selon l'accusation, Gibbs était le meneur d'un groupe de cinq soldats qui auraient élaboré pour s'amuser des «scénarios» pour exécuter des civils afghans début 2010 dans la province de Kandahar (sud).

Pour le procureur militaire Dan Mazzone, le petit groupe était «hors de contrôle» lorsqu'il a commis ses méfaits.

Le soldat Jeremy Morlock, témoignant contre son ancien chef, a raconté lundi le «mépris» que ressentait le sergent Gibbs à l'égard des Afghans. «Ils les qualifiait de sauvages», a lancé Morlock, lui-même condamné à 24 ans de prison.

Morlock a également expliqué comment Gibbs avait pris le commandement de la section en novembre 2009, après que son précédent responsable eût été gravement blessé lors d'une attaque.

«On a évoqué les moyens de se venger», a lancé Morlock. La première occasion s'est présentée le 15 janvier 2010 durant une patrouille dans le village de La Mohammad Kalay.

Selon ses dires, Morlock et un autre soldat, Andrew Holmes, aurait aperçu un jeune fermier, seul dans un champ. Les deux soldats lui auraient fait signe d'approcher. Le jeune homme aurait obéi, car les Afghans «sont assez obéissants avec nous», a dit Morlock. Après qu'il eût tué le jeune Afghan à l'aide d'une grenade, Morlock aurait vu Holmes ouvrir le feu sur la victime pour faire croire à un échange de coups de feu.

«On pensait que c'était accepté», a affirmé Morlock, soulignant que le meurtre du jeune Afghan avait donné lieu à une ambiance festive au sein de la section.

Des photos du cadavre du jeune Afghan ont ensuite été présentées aux cinq membres du jury militaire. Sur l'une d'elles, on voit Morlock poser à côté du corps, auquel il manque un doigt.

Morlock a déclaré que le sergent Gibbs avait donné le doigt au soldat Holmes.

Selon le procureur militaire, le sergent Gibbs tirait une telle fierté de ces exécutions qu'il conservait les doigts et os des victimes en guise de trophées.

Au cours de l'audience de lundi, Gibbs, en uniforme d'apparat, est resté de marbre.

Le procès s'est ouvert vendredi et devrait durer une semaine, durant laquelle une trentaine de témoins devraient se succéder.

Accusé d'assassinats, d'agressions, de menaces, de «comportement préjudiciable au bon ordre et la discipline», Gibbs encourt la réclusion criminelle à perpétuité sans possibilité de libération sur parole.

Vendredi, ses avocats avaient plaidé non coupable de 16 chefs d'accusation.     Sur les cinq soldats, trois ont déjà plaidé coupable et été condamnés à des peines allant de 3 à 24 ans de prison. Le cinquième, Michael Wagnon, est dans l'attente de son procès.