Le président des États-Unis Barack Obama a appelé mardi ses compatriotes à ne pas se laisser «embobiner» par ses adversaires républicains, qui affirment selon lui à tort que son plan pour l'emploi va se traduire par des hausses d'impôts pour la classe moyenne.

«Je veux parler des impôts parce que je pense qu'il y a pas mal de désinformation qui circule», a déclaré le président face à plusieurs centaines de personnes rassemblées dans un centre de formation professionnelle de Jamestown en Caroline du Nord, au deuxième des trois jours de son voyage en autocar aux portes du Vieux Sud conservateur.

«Ce que j'ai dit, c'est que pour financer le plan pour l'emploi nous devrions demander aux 2% d'Américains les plus riches de payer un petit peu plus» d'impôts, a ajouté M. Obama, qui défendait une nouvelle fois les mesures de ce plan de 447 milliards de dollars, dont le Sénat a rejeté l'examen initial le 11 octobre en raison du blocage des républicains.

«Mais je veux que ce soit clair: la grande majorité des Américains verrait ses impôts diminuer avec ce plan pour l'emploi. Nous n'avons pas augmenté les impôts, nous les avons fait baisser» a-t-il insisté.

«Donc, ne vous laissez pas embobiner. Ne vous laissez pas convaincre par l'idée que le plan pour l'emploi va augmenter vos impôts. Ce n'est tout simplement pas vrai».

Et de prévenir: «si nous n'adoptons pas le plan pour l'emploi, si nous n'adoptons pas le volet du plan qui prolonge les réductions d'impôts que nous avons fait passer en décembre (2010), la plupart des gens ici vont voir leurs impôts augmenter de 1000 dollars».

«Donc, voter non au plan pour l'emploi, c'est voter pour une augmentation des impôts de la classe moyenne», a-t-il conclu, quelques heures avant un débat des candidats à la nomination républicaine prévu à Las Vegas au Nevada.

À Jamestown, M. Obama a en particulier évoqué l'emploi des enseignants par les collectivités locales, qu'un volet de son plan permettrait de soutenir. Le président a affirmé qu'un premier vote sur ce dispositif de 35 milliards de dollars était prévu cette semaine au Sénat, même si l'agenda de cette assemblée ne le prévoit pas spécifiquement.

M. Obama s'est dit déterminé à présenter son plan «morceau par morceau», et a ironisé sur le fait qu'il serait ainsi plus facile à comprendre pour ses adversaires. Comme la veille, le président les a aussi prévenus qu'ils devraient rendre des comptes devant les électeurs s'ils persistaient à refuser d'aider la classe moyenne.

M. Obama est attendu en fin d'après-midi à 270 km au nord-est de Jamestown, à Emporia en Virginie, un État stratégique sur la carte électorale tout comme la Caroline du Nord.

Le voyage de M. Obama en autocar blindé est le deuxième du genre après une tournée en août dans le Nord agricole des États-Unis. Il se conclura mercredi dans la région de Richmond (Virginie). Le président, qui a dit vouloir écouter ce que ses compatriotes ont à lui dire, émaille son voyage de discours et de contacts impromptus avec les habitants.

Candidat à sa réélection en novembre 2012, M. Obama avait enlevé en 2008 ces deux États riches en voix de Grands Électeurs, occurrence rare pour un démocrate. Mais la Maison-Blanche a démenti avoir choisi la Caroline du Nord et la Virginie pour des raisons électorales.

L'oecuménisme et l'appel à dépasser les différences, thèmes récurrents des discours de campagne de M. Obama en 2008, ont toutefois refait leur apparition dans ses propos depuis lundi.

«Certaines personnes m'ont demandé hier (lundi) pourquoi je visitais des zones républicaines de la Caroline du Nord», a noté M. Obama à Jamestown. «Je ne suis pas le président démocrate ou le président républicain. Je suis le président (...), peu m'importe que vous soyez républicain ou démocrate, parce que nous sommes tous dans le même bateau», a-t-il argumenté.

«Occupy Wall Street» et le Tea Party: même combat

Le président Barack Obama a estimé mardi que les manifestants anti-Wall Street et ceux du mouvement ultraconservateur Tea Party éprouvaient des sentiments comparables de colère contre leur gouvernement, dans un entretien à une chaîne américaine.

«Je comprends la colère qui s'exprime dans ces manifestations» du mouvement «Occupy Wall Street», a affirmé M. Obama dans cet entretien à la télévision ABC depuis Jamestown en Caroline du Nord.

Le président a indiqué que «d'une certaine façon, elles ne sont pas si différentes de certaines manifestations venant du Tea Party, une nébuleuse de groupes unis dans leur rejet de l'intervention gouvernementale, et qui a fait la preuve de son influence sur le parti républicain lors des élections législatives américaines en novembre 2010.

«Tant à gauche qu'à droite, je pense que des gens se sentent distancés de leur gouvernement. Ils ont l'impression que leurs institutions ne travaillent pas pour eux», a-t-il remarqué.

M. Obama a aussi affirmé qu'il fallait que lui et les responsables au pouvoir «démontrent aux gens que nous comprenons leurs difficultés, et que nous voulons mettre en place un système dans lequel on est récompensé lorsqu'on travaille dur, et que ceux qui sont irresponsables (...) n'en tirent pas de dividendes».