Le président Barack Obama a mis lundi au défi les républicains de voter ses mesures pour l'emploi, adoptant d'emblée un ton offensif contre ses adversaires au début d'une tournée de trois jours en autocar au contact des Américains moyens.

Présentant les républicains comme le parti du «non», après que leurs sénateurs eurent bloqué la semaine dernière l'examen initial de son plan emploi, M. Obama les a aussi accusés de défendre les banquiers de Wall Street, cible d'un mouvement de colère qui a pris de l'ampleur ces dernières semaines.

Les républicains ont dit «non à l'idée de remettre des enseignants et des ouvriers du bâtiment au travail, ils ont dit non à l'idée de reconstruire nos ponts et nos aéroports, et ils ont dit non à l'idée de réduire les impôts pour la classe moyenne et les PME», a affirmé M. Obama face à plusieurs centaines de personnes à l'aéroport d'Asheville en Caroline du Nord.

«En résumé, ils vous ont dit non», a affirmé M. Obama, évoquant un récent sondage selon lequel 63% des Américains soutiennent les idées de ce plan de 447 milliards de dollars, mêlant incitations fiscales et mesures de relance.

Le président a aussi critiqué l'absence selon lui de plan concurrent des républicains, sinon le plan de «revenir au bon vieux temps d'avant la crise financière, quand Wall Street écrivait ses propres règles» de fonctionnement.

Son porte-parole Jay Carney a expliqué que M. Obama éprouvait de la «compréhension» pour la colère des manifestants anti-Wall Street.

Sur 900 km et jusque dans la région de Richmond qu'il atteindra mercredi, M. Obama se déplace en autocar blindé, émaillant son voyage de discours et de contacts impromptus avec les habitants de ces deux Etats stratégiques sur la carte électorale.

«Je vais parler un petit peu, mais je vais surtout écouter beaucoup, parce qu'à Washington, on dirait qu'on n'écoute pas beaucoup (le pays) ces jours-ci», a dit M. Obama à Asheville.

Quelques kilomètres plus loin, l'autocar présidentiel s'est arrêté devant un restaurant de la ville de Marion, où M. Obama a longuement fait la tournée des tables, avant de commander un plat à emporter. A Boone, plus au nord, il a acheté des bonbons dans une épicerie. Il était attendu à 17h00 pour un discours dans un lycée de Millers Creek, à 160 km à l'est d'Asheville.

Lundi matin, M. Obama a aussi promis de revenir à la charge pour que le Congrès adopte individuellement les mesures de son plan, censé faire baisser un chômage obstinément élevé (9,1%), héritage de la récession et qui pèse sur ses chances de réélection.

Mais le Sénat a un programme chargé cette semaine, et sera en vacances la semaine prochaine, rendant peu probable le fait qu'il exauce le souhait de M. Obama avant début novembre.

Le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid a toutefois assuré lundi qu'il allait essayer d'obtenir un vote sur une première mesure du plan emploi «le plus rapidement possible», quitte à ce que le Sénat reste en session «aussi longtemps que nécessaire».

Les républicains sont hostiles au financement de ce plan, pour moitié assuré par une expiration des réductions d'impôts consentis aux plus riches et l'annulation de niches fiscales pour les grandes entreprises.

La Maison Blanche a démenti avoir choisi la Caroline du Nord et la Virginie pour des raisons électorales. Candidat à sa réélection en novembre 2012, M. Obama avait enlevé en 2008 ces deux Etats aux marches du Vieux Sud conservateur et riches en grands électeurs, une première pour un démocrate en Caroline du Nord depuis 1976 et en Virginie depuis 1964.

La campagne du favori des sondages pour décrocher la nomination républicaine, Mitt Romney, a ironisé lundi sur le «Magical Misery Tour» (tournée du malheur magique) d'Obama, jeu de mots sur le «Magical Mystery Tour» des Beatles, notant que la Caroline du Nord souffre d'un chômage de 10,4%.

Et l'ancien concurrent de M. Obama à la présidentielle de 2008, le sénateur John McCain, l'a accusé lundi de faire campagne «aux frais du contribuable», tout en espérant trouver un «terrain d'entente» avec lui.