Le président Barack Obama va reprendre la route pendant trois jours à partir de lundi pour faire campagne en faveur de son plan pour l'emploi dans l'Amérique profonde, malgré le rejet initial de ces ambitieuses mesures de relance par le Congrès.

M. Obama, qui avait voyagé en bus au contact de ses concitoyens l'été dernier dans l'Iowa, le Minnesota et l'Illinois, trois États ruraux du Nord, va répéter cette expérience jusqu'à mercredi soir en Caroline du Nord et en Virginie, stratégiques en vue de la présidentielle de novembre 2012.

Riches en votes de grands électeurs, ces deux États aux marches du Vieux Sud conservateur avaient été enlevés par M. Obama en 2008, la première fois qu'un démocrate gagnait la Caroline du Nord depuis 1976 et la Virginie depuis 1964.

Sa campagne espère rééditer cette performance dans un peu plus d'un an.

La Maison Blanche défend cette tournée, effectuée dans un bus blindé, comme un moyen d'atteindre des régions qui seraient autrement difficiles d'accès, même si M. Obama ne laisse guère passer une semaine sans sortir de Washington pour de courts voyages en avion, destinés à mettre en vedette son plan de relance de 447 milliards de dollars.

Ce dernier a toutefois essuyé un revers significatif le 11 octobre lorsque le Sénat, où les adversaires républicains de M. Obama disposent d'une minorité de blocage, a refusé de l'examiner. Le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, Eric Cantor, avait auparavant qualifié ce dispositif de «mort».

Mais le président a refusé de s'avouer vaincu et promis de se coordonner avec ses alliés à la chambre haute pour faire passer ces mesures une à une.

Dans son adresse radiophonique hebdomadaire, Barack Obama a affirmé samedi que la décision du sénat était «frustrante», ajoutant: «on ne peut pas se permettre ce manque d'action. Et il ne se justifie pas».

«Le vote du Sénat a marqué le début du combat, pas sa fin», a affirmé vendredi le porte-parole de M. Obama, Jay Carney. «Et nous n'allons pas cesser de parler de l'emploi et de l'économie, jusqu'à ce que nous obtenions la croissance de l'économie et les créations d'emploi dont ce pays a besoin et que les Américains méritent», a-t-il ajouté.

Depuis qu'il a présenté début septembre ce cocktail de réductions d'impôts et d'investissements publics, M. Obama a mis en demeure les républicains de se prononcer clairement pour ou contre ces mesures, dont il affirme qu'elles ont été soutenues dans le passé par des membres des deux partis.

Les républicains ont en particulier tiqué sur leur financement, assuré pour moitié par l'expiration des cadeaux fiscaux consentis aux plus riches par le prédécesseur républicain de M. Obama, George W. Bush, et l'élimination de niches fiscales bénéficiant aux grandes entreprises.

«Il reste du temps pour que le Congrès prenne la bonne décision», a noté Barack Obama dans son adresse radiophonique. «Il nous faut agir. Et s'ils votent +non+ à ça, il faudra qu'ils nous expliquent pourquoi», a-t-il ajouté.

Le président et les démocrates assurent que ces mesures permettront de créer 1,9 million d'emplois et de faire baisser le taux officiel du chômage de 9,1 à 8,1%. Les mauvais chiffres de la croissance et de l'emploi pèsent sur les chances de réélection de M. Obama, dont le bilan économique est jugé sévèrement par les Américains.

La tournée du président, qu'il entamera à Asheville, une ville de 80.000 habitants au pied des Appalaches dans l'ouest de la Caroline du Nord, se dirigera ensuite vers le nord-est, en traversant d'autres localités où l'industrie légère a été gravement touchée par la récession de 2007-2009.

Sur le modèle des derniers mois des campagnes électorales, et au moment où le camp républicain débat pour choisir le candidat qui disputera la Maison Blanche en novembre 2012, l'équipe du président a prévu au moins trois arrêts par jour dans différentes localités jusqu'à mercredi soir, quand M. Obama regagnera Washington.