L'auditorium de l'université de Georgetown, à Washington, est orné de peintures symbolisant la moralité, la foi et la patriotisme. Michael Moore ne pouvait rêver meilleur écrin pour dénoncer le «péché capital» qui à ses yeux ronge l'Amérique: la «cupidité».

Le Gaston Hall a beau être un chef d'oeuvre de l'architecture néo-gothique empreint d'une grande solennité, le réalisateur-poil à gratter n'a pas dérogé à ses habitudes vestimentaires et porte ce vendredi une casquette de base-ball, un tee-shirt, un pantalon extra-large et une paire de chaussures de sport blanches.

Face à lui, les étudiants de l'université catholique jésuite de Georgetown, un établissement d'élite fondé en 1789. Le réalisateur américain présente son dernier ouvrage, un livre de mémoires, «Here comes trouble» (Les ennuis commencent).

«Nous les Américains, nous avons permis à un petit groupe de personnes de devenir des experts de l'un des sept péchés capitaux», dit-il. «Et ce péché bien sûr, c'est la cupidité».

Dans les années 1960/70, explique Michael Moore en prenant pour exemple sa propre enfance à Flint, une ville du Michigan (nord) accrochée au secteur automobile, les riches payaient certes beaucoup d'impôts, mais vivaient très confortablement, tandis que les moins riches avaient un logement, l'éducation gratuite et la sécurité de l'emploi.

Force est de constater que ce n'est plus le cas aujourd'hui, affirme le réalisateur de «Bowling for Columbine» et «Fahrenheit 9/11», pour lequel il avait reçu la Palme d'Or à Cannes en 2004.

«Qu'est-ce qui a bien pu se passer au cours des trente dernières années pour que nous pensions que nous faisions quelque chose de bien en créant une société qui génère tant de misère?», interroge-t-il, rappelant que 46,2 millions d'Américains vivent dans la «pauvreté».

«Quelle partie de ce que Jésus a dit a un lien avec le fait que des gens soient expulsés de leurs maisons?», ajoute-t-il, en référence aux saisies immobilières qui ont suivi la crise des prêts hypothécaires à risque («subprime») aux Etats-Unis.

«Ou que l'on ne donne pas de couverture-maladie (à ceux qui n'en ont pas), ou des soins quand ils tombent malades?», poursuit-il.

«Le principal problème, ce n'est pas la dette, nous avons besoin d'emplois, d'emplois et d'emplois», martèle-t-il ensuite en répondant aux questions des étudiants, ce qui lui donne l'occasion de revenir sur les thèmes qui lui sont chers, comme le contrôle des armes à feu.

«Vous n'avez pas besoin d'un fusil-mitrailleur pour tuer un cerf», remarque-t-il.

L'action du président Barack Obama? «Dans un match, vous ne pouvez pas jouer à l'envers pendant les trois premiers quarts-temps et tenter de gagner à la fin», dit Michael Moore, qui avait apporté son soutien à M. Obama pendant la campagne présidentielle de 2008.

Le problème, poursuit-il, «c'est le capitalisme du XXIe siècle» qui devrait être «complètement restructuré».

«Je ne pense pas que ce soit impossible (...) mais on va avoir besoin de plus d'action gouvernementale, et que nous, les citoyens, mettions la main à la pâte pour être sûr que le gâteau soit partagé équitablement», estime le réalisateur.

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