Le président des États-Unis Barack Obama a appelé vendredi les autorités pakistanaises à «s'occuper du problème» que représente la présence du réseau taliban Haqqani sur leur territoire, en pleine polémique sur des liens entre ce groupe et le renseignement pakistanais.

Le chef d'état-major interarmées sortant Michael Mullen a récemment provoqué une crise entre Washington et Islamabad en accusant le Pakistan «d'exporter la violence» en Afghanistan via le réseau Haqqani, qu'il a qualifié devant le Congrès le 22 septembre de «véritable arme» des services secrets locaux.

M. Obama n'a pas été aussi catégorique. «Je pense que les déclarations de Mike exprimaient (son) irritation au sujet de l'existence de repaires au Pakistan, dont ceux du réseau Haqqani», a-t-il indiqué dans un entretien à l'émission de l'animateur Michael Smerconish, diffusée par des dizaines de radios locales américaines.

Revenant sur les liens présumés entre les services secrets pakistanais (ISI) et le réseau, M. Obama a observé que «les renseignements ne sont pas aussi clairs que nous le voudrions sur la nature exacte de leur relation».

Mais «qu'il existe des liens actifs entre Haqqani et les Pakistanais, ou que (ces derniers) leur permettent simplement d'agir en toute impunité dans certaines de ces régions frontalières, il faut qu'ils s'occupent de ce problème», a ajouté M. Obama.

Le président a reconnu que les relations entre son pays et le Pakistan, qui se sont fortement détériorées, en particulier depuis la mort d'Oussama Ben Laden en mai lors d'un raid américain au Pakistan dont Islamabad n'avait pas été mis au courant, «ne sont pas ce qu'elles devraient être».

Il a toutefois rendu hommage à la coopération des Pakistanais dans la lutte contre Al-Qaïda. «Nous allons continuer à les exhorter à reconnaître que c'est dans leur intérêt, pas seulement dans le nôtre, de faire en sorte que des extrémistes n'opèrent pas au sein de leurs frontières», a-t-il promis.

Également vendredi, la Maison-Blanche a reconnu dans un rapport au Congrès que les opérations pakistanaises de lutte contre les extrémistes dans les zones tribales du nord-ouest du pays avaient enregistré des revers ces derniers mois.

Selon une version déclassifiée de ce rapport obtenue par l'AFP, les tensions entre Washington et Islamabad à la suite du raid contre Ben Laden ont eu des effets préjudiciables sur la coopération entre militaires américains et pakistanais dans la région, où les conditions de sécurité se sont détériorées entre juin et août derniers.

«Les opérations militaires pakistanaises se sont poursuivies dans les (zones tribales), mais l'activité des insurgés, et une série d'attaques contre les forces de sécurité (...) ont contribué à une détérioration de la situation sur le plan sécuritaire», selon la même source.

La version expurgée de ce rapport ne mentionne pas le réseau Haqqani.