La commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, a qualifié vendredi de «honte» pour les États-Unis, qui marquent le 10e anniversaire du 11-Septembre, la non-fermeture du camp de détention de Guantanamo à Cuba.

«Nous sommes très mécontents, c'est une opinion de l'Union européenne et de l'Europe entière (...) exprimée à de nombreuses reprises dans nos contacts avec les Américains, c'est une honte que ce soit encore ouvert et que les gens (détenus) n'aient pas eu un procès» à ce jour, a-t-elle déclaré au cours d'une conférence de presse.

«Nous continuons à rappeler à nos amis américains qu'il doit être fermé», a-t-elle ajouté.

Le président Obama a signé un décret ordonnant la fermeture de cette prison au lendemain même de son arrivée à la Maison-Blanche, en janvier 2009.

Mais le Congrès, pour des raisons budgétaires, empêche de facto la fermeture de la prison en refusant de débloquer de l'argent pour transférer les détenus de la prison militaire située sur l'île de Cuba vers le territoire américain ou dans des pays tiers.

Un procès hors-norme des cinq accusés des attentats du 11-Septembre doit avoir lieu, d'ici à la fin de l'année, sur la base militaire de Guantanamo.

Ouvert en janvier 2002, pour enfermer les suspects de terrorisme, le camp de Guantanamo est devenu le symbole des excès de la «guerre contre le terrorisme» du prédécesseur de Barack Obama, George W. Bush.

Près de 800 hommes seraient passés par ses geôles au total. Il en resterait près de 200 aujourd'hui.

Dans ce contexte, l'Union européenne a affirmé vendredi que le combat légitime contre le terrorisme ne devait pas se faire au détriment des libertés.

«Au cours des dix dernières années, nous avons souvent été confrontés à la question délicate de l'équilibre entre liberté et sécurité. Nous ne devons jamais céder à la tentation de sacrifier la première sur l'autel de la dernière», a ainsi affirmé le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, à l'occasion du 10e anniversaire des attentats du 11-Septembre sur le sol américain.

«Il est du devoir de tous ceux qui croient en la démocratie de préserver les plus hautes normes possibles» en matière de «libertés individuelles», a-t-il ajouté, même si «le terrorisme est une attaque contre nous tous, une attaque du tissu même de notre société démocratique».

Le Parlement européen qu'il préside est souvent monté au créneau pour défendre les libertés individuelles, dénonçant au passage les mesures sécuritaires prises par les États-Unis au lendemain des attentats du 11-Septembre.

Le Parlement européen s'est notamment prononcé à plusieurs reprises pour la fermeture du camp de Guantanamo ou pour condamner les «prisons secrètes» de la CIA. Il a aussi fait pression pour encadrer strictement les échanges d'informations financières entre l'Europe et les États-Unis dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Au-delà du Parlement européen, les présidents de l'UE, Herman Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ont exprimé un souci similaire vendredi dans leur message à l'occasion du dixième anniversaire des attentats à New York et Washington.

«Nous ne pourrons réussir (le combat contre le terrorisme) que si nous restons fidèles à nos valeurs fondamentales au sein de l'Europe et dans le monde», ont-ils dit dans un communiqué commun.