À une époque où le compromis est devenu un «gros mot» à Washington, comme il aime à le répéter lui-même, Barack Obama fera face à un défi difficile, voire impossible, ce soir à l'occasion de son discours attendu devant le Congrès: convaincre les parlementaires républicains d'adopter son plan de relance de l'emploi. En prévision de cette allocution, nous vous proposons ce guide en cinq questions.

Pourquoi un tel plan aujourd'hui?

La nécessité de nouvelles initiatives pour combattre le chômage et favoriser la croissance ne fait guère de doute sur le plan économique. Pour la première fois depuis septembre 2010, le solde net des créations d'emplois est resté nul en août aux États-Unis, où le taux de chômage officiel se situe à 9,1%. Et rien n'indique que la situation s'améliorera prochainement. En fait, certains observateurs craignent plutôt que l'économie américaine ne replonge en récession.

Sur le plan politique, le discours du président tombe également sous le sens. Deux sondages publiés mardi ont révélé une insatisfaction profonde des Américains à l'égard de la performance du chef de la Maison-Blanche.

Que retrouvera-t-on dans ce plan?

Le président proposera d'injecter quelque 300 milliards de dollars dans l'économie américaine pour créer des emplois. Son plan devrait prendre la forme de réductions d'impôts, de dépenses d'infrastructures et d'aides accordées aux États et aux municipalités. Ces nouvelles initiatives seront financées ultérieurement par des hausses d'impôts et des coupes budgétaires à définir dans le cadre d'un plan de réduction de la dette fédérale.

Dans un discours à Détroit lundi, le président a mis au défi les républicains du Congrès de l'aider à relancer l'emploi en défendant notamment sa proposition de prolonger d'une année la réduction de l'impôt prélevé sur les salaires.

«Vous dites que vous êtes le parti des réductions d'impôts? Eh bien, démontrez que vous allez vous battre aussi farouchement pour des réductions d'impôts visant les familles de la classe moyenne que vous ne le faites pour les compagnies pétrolières et les Américains les plus fortunés. Montrez-nous ce que vous avez dans le ventre», a dit Barack Obama.

Quelle sera la réaction des républicains?

Les chefs de file républicains du Sénat et de la Chambre des représentants ont déjà annoncé leur opposition à toute nouvelle dépense gouvernementale pour relancer l'emploi et la croissance, et ce, même si des économistes indépendants reconnaissent la nécessité de telles mesures.

Les dirigeants républicains justifient leur position en disant ne pas vouloir répéter l'«échec épique» du premier plan de relance économique de 787 milliards de dollars du président, qui a été adopté en février 2009.

«Depuis que le président a promulgué son soi-disant plan de relance économique, il y a 1,7 million d'emplois de moins dans ce pays», a déclaré le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.

Les républicains du Congrès pourraient se montrer plus favorables à la proposition du président de réduire les impôts. Mais ils ont déjà fait savoir qu'ils réclameraient des coupes budgétaires immédiates en compensation. Or, les coupes proposées par Barack Obama n'interviendraient que plus tard et seraient accompagnées de hausses d'impôts inacceptables aux yeux des républicains.

Quelles sont les propositions des républicains?

Selon le président de la Chambre des représentants, John Boehner, les républicains «se concentrent sur l'élimination des entraves à la croissance de l'emploi, que ce soit la fin de réglementations inutiles qui font monter les prix ou le fait d'empêcher Washington de dépenser l'argent que nous n'avons pas».

Qu'en pensent les prétendants républicains à la présidence?

«J'ai vu la première version, la deuxième, la troisième, la quatrième et la cinquième. Elles ne marchent pas», a déclaré Mitt Romney en faisant référence au plan de Barack Obama sur l'emploi. L'ancien gouvernement du Massachusetts a lui-même présenté mardi son plan économique, promettant de créer 11,5 millions d'emplois et de réduire le taux de chômage à 5,9% en quatre ans.

Il était le deuxième candidat à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012 à présenter un plan économique détaillé. Le premier à le faire, l'ancien gouverneur de l'Utah Jon Huntsman, a notamment proposé de réformer la fiscalité en éliminant les déductions et en abaissant les taux d'imposition.