Juin 2007. En Irak, la guerre civile est à son comble, quatre ans après l'invasion de ce pays par les États-Unis sous des prétextes qui se sont révélés faux.

À la même époque, à Washington, Dick Cheney s'évertue à convaincre George W. Bush de bombarder un site nucléaire suspect en Syrie. Lors d'une réunion à la Maison-Blanche, il défend de nouveau l'option militaire «contre le réacteur».

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«Mais ma voix a été isolée. Après mon intervention, le président a demandé: "Est-ce que quelqu'un ici est d'accord avec le vice-président?" Pas une seule main ne s'est levée», écrit Dick Cheney dans ses mémoires, que le New York Times a obtenus avant publication.

Selon le NYT, l'ancien vice-président explique ces réticences par les «mauvais renseignements» qu'avait reçus la Maison-Blanche sur les supposés stocks d'armes de destruction massive en Irak.

S'il faut se fier au quotidien new-yorkais, l'erreur monumentale du renseignement américain sur les ADM n'a aucunement ramolli l'ardeur militaire de Dick Cheney ou changé son opinion sur le bien-fondé de la guerre en Irak. En fait, l'ancien vice-président n'exprime aucun regret dans son ouvrage sur les plus grandes controverses qui ont marqué l'administration Bush.

Simulation de noyade

Et cela vaut notamment pour le recours à la simulation de noyade par les agents de la CIA, une technique d'interrogatoire assimilée à la torture: «Je soutiendrais encore son usage si nous avions un détenu de haute valeur et que c'était le seul moyen de le faire parler», a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne NBC qui sera diffusée le 29 août, à la veille de la parution de son livre, intitulé In My Time: A Personal and Political Memoir («De mon temps: mémoires personnels et politiques»).

Dans cette interview, l'ancien vice-président prédit que plusieurs personnes seront indisposées par la franchise parfois brutale de son ouvrage de 527pages. «Il y a des têtes qui vont exploser partout à Washington», a-t-il déclaré.

Dick Cheney fait peut-être référence aux deux secrétaires d'État Colin Powell et Condoleezza Rice, qu'il ne ménage pas dans son livre. Il accuse notamment le premier d'avoir manqué de loyauté envers le 43eprésident dans le dossier irakien et reproche à sa remplaçante sa «naïveté» dans les négociations avec la Corée du Nord.

In My Time ne contient aucune critique de George W. Bush, qualifié de «leader remarquable». L'ouvrage s'attaque cependant à Barack Obama, qu'il accuse notamment d'avoir «colporté des faussetés» sur Guantánamo.

Dick Cheney révèle en outre qu'il avait, en mars 2001, mis sous clé une lettre de démission au cas où un problème de santé l'aurait empêché de remplir ses fonctions. Seule une poignée de personnes, dont George W. Bush, étaient au courant de l'existence du document.

«Il n'y a pas de mécanisme pour remplacer un vice-président qui ne peut plus fonctionner», a expliqué à NBC Dick Cheney, qui avait subi quatre infarctus avant d'être élu à la vice-présidence.