Le président Barack Obama a annoncé vendredi avoir donné son feu vert à l'abrogation définitive du tabou homosexuel dans l'armée américaine, mettant fin à une loi selon lui «discriminatoire» en place depuis 18 ans.

M. Obama a indiqué dans un communiqué avoir «informé le Congrès que les conditions d'une abrogation étaient réunies», et souligné que la loi qui obligeait les militaires gais à dissimuler leur homosexualité sous peine de renvoi allait «prendre fin, une fois pour toutes, dans 60 jours, le 20 septembre 2011».

Ce communiqué a été diffusé à l'issue d'une rencontre avec le secrétaire à la Défense, Leon Panetta, et le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen. Comme le président, ces deux responsables devaient «certifier» au Congrès que la préparation des forces armées à la perspective d'accueillir des personnes gaies ou lesbiennes dans ses rangs était achevée et que le tabou gai pouvait être levé.

Concrètement, cette étape signifie que la loi controversée de 1993 dite «Don't ask, don't tell» (ne rien demander, ne rien dire), qui obligeait les militaires gais à dissimuler leur homosexualité sous peine de renvoi sera abrogée dans 60 jours, soit le 20 septembre.

Depuis que le Sénat a voté l'abrogation du tabou gai le 18 décembre, le Pentagone a élaboré de nouveaux manuels et préparé l'ensemble des forces armées, soit 2,3 millions de militaires d'active et de réserve, à cette nouvelle politique.

Le sujet a fait l'objet d'un débat passionné dans la société américaine avec l'intervention de personnalités telles que la chanteuse Lady Gaga en faveur de l'abolition du tabou gai, le qualifiant de discriminatoire.

Mais certains élus, essentiellement républicains, et certains hauts gradés de l'armée comme le patron des Marines, le général James Amos, craignaient que cela nuise à l'efficacité des soldats au combat.

Ces craintes n'ont pas été entièrement levées. Le président de la commission de la Défense de la chambre des représentants, le républicain Buck McKeon, a demandé dans un communiqué à l'administration de «remettre immédiatement au Congrès les évaluations effectuées par les différents services sur l'impact de l'abrogation (du tabou gai, NDLR) sur les troupes» afin de s'assurer qu'elles ne sont pas désorganisées par la mesure.

Attaquée sur le front judiciaire pour son caractère discriminatoire, la nouvelle loi n'a été votée en décembre qu'après la publication un mois plus tôt d'une étude montrant que 70% des 115 000 militaires et 44 000 conjoints de militaires interrogés étaient favorables à l'abrogation du tabou gai.

Chez les Marines, corps d'élite de l'armée américaine, et dans certaines unités de combat de l'armée de terre, 40 à 60% des sondés voyaient en revanche d'un mauvais oeil la fin du tabou gai.

Elle a conduit au renvoi de l'armée de quelque 14 000 soldats en raison de leur homosexualité, selon des sources associatives.

Maintenant que l'ensemble des forces armées est en passe d'être formé, de l'aumônier militaire, aux officiers et hommes de troupe, un certain nombre de choses va changer.

Les homosexuels chassés de l'armée pourront la réintégrer. Tous les militaires devront continuer à se montrer dignes de l'uniforme à toute heure et en tous lieux, selon le Pentagone.

Les conjoints de soldats homosexuels ne pourront vivre sur les bases militaires ou bénéficier de la couverture maladie pour les familles de militaires.

C'est là que le bât blesse, estiment des associations de défense des droits des homosexuels.

Si le mariage homosexuel est reconnu dans six (Connecticut, Iowa, Massachusetts, New Hampshire, Vermont, New York) des 50 États et dans la capitale Washington, l'État fédéral ne le reconnaît pas en vertu de la loi, dite «Défense du mariage».

Cette loi, promulguée par le président Bill Clinton, stipule que l'État fédéral ne reconnaît le mariage que comme «une union légale entre un homme et une femme», privant les conjoints de couples homosexuels des droits et avantages dévolus aux conjoints hétérosexuels.