Le président Barack Obama a défié les avertissements de Pékin et reçu samedi à la Maison Blanche le dalaï-lama, à qui il a fait part de son «soutien appuyé» en faveur des Tibétains.

«Le président a réitéré son soutien appuyé à la protection de la culture, de la religion et des traditions tibétaines au Tibet et dans le reste du monde», a indiqué le porte-parole de la Maison Blanche dans un communiqué.

«Il a souligné l'importance de la protection des droits de l'homme pour les Tibétains en Chine», déclare-t-il.

La Maison Blanche avait multiplié les précautions pour assurer une discrétion maximale à la rencontre en prévision du courroux de Pékin, annonçant cette entrevue au dernier moment, vendredi soir.

Les journalistes n'ont pas été conviés et aucune photo n'a pu être prise par la presse de l'entrevue, qui a eu lieu dans la Salle des cartes de la résidence, et non dans le bureau ovale, où sont reçus les chefs d'État.

Barack Obama est «le président de la plus grande démocratie, il a donc naturellement manifesté de l'inquiétude au sujet des valeurs humaines élémentaires, des droits de l'homme et de la liberté religieuse», a confié le chef spirituel des Tibétains à un journaliste de l'AFP, peu après la rencontre qui a duré 45 minutes.

«Par conséquent, il a montré une inquiétude sincère au sujet des souffrances au Tibet, mais aussi dans d'autres endroits», a-t-il ajouté.

Rappelant la position officielle américaine, le porte-parole de la présidence écrit que «les États-Unis ne soutiennent pas l'indépendance du Tibet» et souhaite que les États-Unis et la Chine coopèrent sur le sujet.

«Le dalaï-lama a indiqué qu'il ne recherchait pas l'indépendance du Tibet et qu'il espérait que le dialogue entre ses représentants et le gouvernement chinois pourrait bientôt reprendre», poursuit-il.

Lorsqu'il avait été reçu en février 2010 par Barack Obama, le dalaï-lama avait été photographié par l'AFP quittant la Maison Blanche par une porte latérale près de laquelle des sacs-poubelle attendaient d'être ramassés.

Vendredi, Pékin avait réagi très vivement à l'annonce de l'entrevue, le ministère chinois des Affaires étrangères demandant à Washington «d'annuler immédiatement».

Les États-Unis doivent «rester fidèles à leur engagement de reconnaître que le Tibet fait partie de la Chine», a rétorqué le porte-parole du ministère chinois, Hong Lei, exigeant que Washington «n'interfère pas dans les affaires intérieures chinoises» et ne fasse rien qui soit susceptible de «nuire aux relations sino-américaines».

Le chef spirituel des Tibétains, qui a quitté son pays en 1959 après l'échec d'un soulèvement contre la présence chinoise, assure qu'il ne réclame pour le Tibet qu'une autonomie réelle. Mais Pékin accuse le dalaï-lama de rechercher l'indépendance du «Toit du monde».

Des négociations engagées épisodiquement entre des émissaires du gouvernement tibétain en exil à Dharamsala (Inde) et des représentants de Pékin sur l'avenir du Tibet n'ont débouché sur rien.

Samedi, des internautes chinois ont manifesté leur colère. «Les États-Unis n'ont jamais respecté la Chine. Le moment est venu de vendre nos réserves en dollars (Pékin détient 1153 milliards de dollars de bons du Trésor), pour frapper un grand coup le billet vert», a estimé «freemanchina8».

La télévision nationale chinoise CCTV n'a pas mentionné la rencontre dans son journal de la mi-journée samedi.

À l'occasion des 60 ans de la «libération pacifique» du Tibet par les troupes communistes de Mao Tsé-toung, le gouvernement a publié un «Livre blanc sur le développement du Tibet», selon lequel «l'indépendance tibétaine» fait «partie d'un plan des agresseurs occidentaux pour dépecer le territoire chinois».