La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde doit passer jeudi son grand oral devant le conseil d'administration du Fonds monétaire international à Washington, qu'elle cherchera à convaincre de la désigner comme directrice générale.

Mme Lagarde annonçait mardi sur Twitter son décollage vers la capitale américaine, pour une arrivée dans la soirée.

Elle avait prévu d'être mercredi au siège du FMI, pour des rencontres bilatérales. Elle doit rencontrer le secrétaire au Trésor des États-Unis, Timothy Geithner, à son ministère dans la soirée.

Jeudi est programmée son audition avec les 24 membres de l'instance qui décidera du nom du successeur au Français Dominique Strauss-Kahn.

«Durant leur rencontre informelle avec le conseil, chaque candidat présentera son point de vue sur les sujets auxquels sont confrontés le Fonds et ses États membres, et les administrateurs pourront avoir des échanges avec les candidats», avait précisé l'institution lundi.

Son rival, le Mexicain Agustin Carstens, s'est plié à cet exercice dès mardi. Dans sa déclaration introductive, il a plaidé pour un FMI aux ressources permanentes accrues, impartial, représentant mieux les économies émergentes à son conseil d'administration, et ouvert aux restructurations de dette publique en cas de crise.

«Ce fut une réunion plutôt large, très ordonnée, où il m'a été permis de livrer mes vues sur le Fonds monétaire et les défis auxquels il est confronté», a-t-il déclaré à des journalistes à la sortie.

À en croire ses entretiens avec la presse ou des internautes et sa lettre de motivation pour le poste, Mme Lagarde détaillera sa vision d'un FMI «réactif, coopératif, légitime et équitable». Elle s'est dite sur Twitter partisane d'un «libéralisme tempéré».

Le grand oral est la dernière étape d'une campagne qui a mené les deux candidats aux quatre coins de la planète.

Depuis le 1er juin, le gouverneur de la Banque du Mexique est allé successivement au Brésil, en Argentine, au Canada, en Inde, est passé par Washington, puis s'est rendu en Chine et au Japon.

Depuis le 30 mai, la ministre française de l'Économie a visité le Brésil, l'Inde, la Chine, le Portugal pour être aux assemblées annuelles de la Banque africaine de développement, puis l'Arabie saoudite et enfin l'Égypte.

C'est la première fois que deux candidats au FMI mènent une campagne aussi vaste. En 2007, M. Strauss-Kahn avait été le premier à avoir l'idée de se rendre dans de multiples capitales, et non plus seulement à Washington. Cette campagne lui avait donné un avantage décisif sur son rival tchèque Josef Tosovsky, resté invisible.

Une femme et 23 hommes, qui représentent leur pays ou un groupe de pays, sont chargés de désigner «par consensus», ou à défaut par un vote, le nouveau numéro un. Ils ont programmé une discussion formelle sur les deux candidatures le 28 juin, et comptent avoir pris leur décision le 30 au plus tard.

Même si les grands États membres non européens n'ont pas encore officiellement pris position, Mme Lagarde est largement favorite, à en croire M. Carstens lui-même. Elle serait la première femme à ce poste.

Depuis 1946, un accord tacite donne à l'Europe la direction du FMI et aux États unis la présidence de la Banque mondiale.