Le chef d'état-major interarmées américain, Michael Mullen, a jugé jeudi que le Pakistan avait besoin de temps pour résoudre ses propres problèmes et qu'abandonner Islamabad pourrait s'avérer «dangereux» pour les États-Unis.

Le Pakistan, un allié de Washington, est en pleine «introspection» depuis le raid américain qui a mené à la mort d'Oussama ben Laden, a assuré l'amiral Mullen. L'opération qui visait la villa de ben Laden à Abbottabad, au nord d'Islamabad, a été organisée sans que les autorités pakistanaises n'aient été prévenues.

«Je pense que nous devons leur donner un peu de temps et un peu d'espace pour cela. Et c'est tout à fait normal», a dit le haut gradé au cours d'un petit déjeuner avec des journalistes.

«Je pense que le pire que nous pourrions faire serait de les (les Pakistanais) laisser tomber», a-t-il ajouté.

Si c'était le cas, «d'ici 10 ans, d'ici 20 ans, nous y retournerions et tout serait plus exacerbé, tout serait plus dangereux», a expliqué Michael Mullen.

«Nous ne vivons tout simplement pas dans un monde où nous pouvons nous permettre de rester à l'écard d'un pays comme celui-là», a-t-il insisté.

De nombreux parlementaires américains ont remis en cause les milliards de dollars d'aide accordés par les États-Unis au Pakistan, accusant le pays de jouer double jeu en cherchant à obtenir l'aide de l'étranger tout en maintenant des liens avec les extrémistes islamistes.

L'amiral Mullen a reconnu que le Pakistan avait ordonné «une diminution très importante» du nombre de membres des forces américaines chargées d'entraîner ses militaires. Bien que certaines de ces forces soient toujours sur le terrain, l'armée pakistanaise doit commencer par mener à bien un débat interne sur ses relations avec les États-Unis, selon lui.

«Ils vont devoir achever (cette réflexion) avant que nous ne puissions reprendre un entraînement sérieux», a-t-il dit.