Les républicains du Congrès ont tenté mardi une manoeuvre cavalière jugée «irresponsable» par les démocrates: rejeter une augmentation nécessaire de l'endettement des États-Unis si de lourds sacrifices budgétaires n'y sont pas attachés.        

Sans grande surprise, la Chambre des représentants a rejeté par 318 voix contre 97 un relèvement de 2400 milliards de dollars du plafond maximal d'endettement des États-Unis, au moment où la bataille fait rage au Congrès sur les moyens de réduire le déficit américain.

Les adversaires du président Barack Obama -- qui détiennent la majorité à la Chambre depuis janvier -- se sont distingués en déposant ce projet de loi... avant de voter massivement contre.

But de la manoeuvre: montrer que tout vote sur le relèvement du plafond de la dette doit s'accompagner, selon eux, de baisses des dépenses, ce qui n'est pas le cas du texte proposé, et faire passer les démocrates pour d'irresponsables dépensiers.

Le vote a également eu pour effet de diviser les démocrates dont 97 ont voté «oui» et plus de 80 «non».

«Aujourd'hui, nous montrons clairement que les républicains n'accepteront par d'augmentation de notre endettement sans des réductions budgétaires substantielles et de véritables réformes budgétaires», a dit le républicain David Camp, auteur du projet de loi.

Or, le relèvement du plafond de la dette est nécessaire, selon le Trésor, pour éviter un défaut de paiement qui aurait des conséquences néfastes sur l'économie américaine, qui se remet à peine d'une grave crise financière.

Côté démocrate, plusieurs élus ont jugé «irresponsable» de susciter un vote sur une mesure pour ensuite voter contre. La chef démocrate Nancy Pelosi a qualifié la manoeuvre de «pas sérieuse» et a appelé à voter «non».

A la Maison-Blanche, le porte-parole Jay Carney s'est borné à dire que «le plafond de la dette doit être et sera relevé». Il a ajouté qu'il pensait que le président aurait suffisamment de voix à terme pour faire adopter cette mesure lorsqu'elle fera l'objet d'un accord entre les deux partis.

Depuis plusieurs semaines, démocrates et républicains sont engagés dans de difficiles négociations autour des réductions budgétaires. Les démocrates rejettent les coupes claires réclamées par les républicains, notamment sur le Medicare (assurance santé pour les personnes âgées).

Les négociations entre les deux partis devaient se poursuivre mardi, sous la houlette du vice-président Joe Biden.

Le sénateur démocrate Robert Menendez et 19 de ses collègues lui ont écrit pour lui demander d'insérer dans tout accord sur le relèvement du plafond de la dette une mesure mettant fin aux avantages fiscaux accordés aux grandes compagnies pétrolières. «Nous devons tous faire des sacrifices pour réduire le déficit, y compris les plus riches et les plus puissants d'entre nous», écrivent les sénateurs.

La limite actuelle de la dette fixée par le Congrès est de 14 294 milliards de dollars. Or, ce montant a été atteint le 16 mai, selon le département du Trésor, qui a bloqué la progression de la dette juste sous cette limite. Désormais, le Congrès a jusqu'au 2 août pour se mettre d'accord sur un relèvement du plafond.

Les 2400 milliards de dollars du texte discuté mardi représentent la somme nécessaire pour la poursuite des opérations de l'Etat fédéral jusqu'à la fin de 2012.

Le déficit budgétaire américain devrait atteindre environ 1600 milliards de dollars cette année.