La course à l'investiture s'anime chez les républicains, qui doivent encore choisir celui affrontera Barack Obama l'an prochain. Alors que Mitt Romney, pour l'heure en tête des prétendants, doit lancer jeudi sa campagne, Rudy Giuliani va peut-être se déclarer dans la semaine. Mais les cartes pourraient bien être redistribuées si le gouverneur du Texas Rick Perry, qui n'exclut plus de se présenter, décide de se jeter dans la bataille.

Depuis des mois, Rick Perry restait sourd aux appels de ceux qui le pressaient de se présenter. Mais vendredi, il a finalement accepté d'y penser.... «Je vais y réfléchir», a lancé celui qui a succédé en 2000 à George W. Bush à la tête de l'État du Texas.

«Je pense à beaucoup de choses», a-t-il ajouté.

Il n'en fallait pas plus pour déclencher des spéculations sur son arrivée dans des primaires qui manquent encore d'un net favori. L'entrée en lice d'un gouverneur en exercice, qui n'a jamais perdu une élection en 25 ans de politique, pourrait changer la donne au sein du GOP.

Le Texan Rick Perry peut incarner une candidature régionale, basée dans le Sud fief des républicains, représenter le renouveau et se targuer d'un solide bilan au chapitre de récolte de fonds. En novembre dernier, il affirmait qu'il ne voulait pas être président des États-Unis, mais il a imperceptiblement assoupli sa position depuis. Ses plus proches collaborateurs ont beau assurer qu'il n'a pas l'intention de se lancer, il semble malgré tout peaufiner avec soin son profil de candidat potentiel.

Palin en tournée

Pour ajouter encore un peu de piquant, l'ex-gouverneure de l'Alaska Sarah Palin, mémorable candidate à la vice-présidence en 2008, a créé un choc dans le parti en annonçant la semaine dernière une tournée en car le long de la côte Est, aux allures de campagne. C'est la dernière prétendante possible à sortir du bois depuis que le gouverneur de l'Indiana Mitch Daniels a annoncé le week-end dernier qu'il ne briguerait pas l'investiture républicaine.

Malgré les problèmes persistants de l'économie américaine, beaucoup pensent que le démocrate Barack Obama sera difficile à battre lors de la présidentielle de novembre 2012. Or pour l'heure, le parti de l'éléphant manque encore d'un favori net. Les conservateurs moraux se cherchent encore un représentant. Les militants du mouvement du Tea Party, ultra-libéral et anti-impôts, veulent leur propre candidat. L'establishment républicain reste divisé.

Mitt Romney favori, spéculations pour Giuliani

À ce stade, Mitt Romney est celui qui fait le plus figure de favori. Comme l'ancien maire de New York Rudy Giuliani, il s'était présenté en 2008, battu aux primaires par le sénateur de l'Arizona John McCain. Mais l'aile droite du GOP se méfie de lui, car lorsqu'il était gouverneur du Massachusetts, il a soutenu le droit à l'avortement, les droits des homosexuels et mis en oeuvre une réforme du système de santé que le président Obama a présentée comme un modèle pour sa réforme nationale, honnie des républicains.

C'est jeudi, dans le New Hampshire, l'un des premiers États qui se prononcent lors des primaires, que Mitt Romney doit officiellement lancer sa campagne. Le même jour, Rudy Giuliani doit participer à une récolte de fonds pour le Parti républicain dans ce même État et déjeuner avec plusieurs militants du GOP, un déplacement qui a aussitôt alimenté les spéculations sur sa candidature.

Handicap pour le mormon Mitt Romney, les évangélistes, majoritaires dans les primaires de l'Iowa et de la Caroline du Sud, les premières, ne risquent pas de le soutenir, tout comme l'ancien gouverneur de l'Utah Jon Huntsman, qui a récemment servi comme ambassadeur en Chine. Certains estiment que la foi mormone que partagent par les deux hommes les disqualifient.

L'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, a lui aussi des problèmes avec ses deux divorces. Mais il est prompt à faire remarquer que son mariage avec sa troisième épouse dure depuis plus de dix ans.

Michele Bachmann, élue du Minnesota à la Chambre des représentants, la préférée des conservateurs moraux et du Tea Party, ressent une «vocation» à briguer l'investiture républicaine et compte officialiser ses ambitions présidentielles le mois prochain dans l'Iowa, dont les caucus ouvrent traditionnellement la campagne des primaires.

En revanche, le gouverneur du Mississippi Haley Barbour et l'ancien gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee ont fait savoir qu'ils ne tenteraient pas leur chance pour la Maison Blanche.

Cela laisse la place libre pour un candidat représentant le Sud. Si Newt Gingrich mène campagne depuis la Géorgie, il réside près de Washington depuis des décennies et pourrait difficilement rivaliser avec Rick Perry sur ce terrain.

Pour le moment, le cercle rapproché du Texan n'a pas mis en chantier une candidature et il n'a toujours pas fait les déplacements requis dans l'Iowa, le New Hampshire et en Caroline du Nord.

Ces dernières années, le gouverneur du Texas s'est spécialisé dans la critique de Washington, fustigeant le gouvernement fédéral qu'il accuse de ne pas sécuriser la frontière avec le Mexique. En novembre il a publié un livre «Fed Up!» (Ras-le-Bol!) qui décrit le gouvernement fédéral comme dangereusement dépensier et incontrôlable et plaide pour un retour du pouvoir des États.

Mais certaines de ses déclarations les plus controversées pourraient moins plaire aux électeurs modérés indépendants dont les voix sont indispensables pour remporter la présidentielle. Rick Perry avait ainsi flirté avec l'idée d'une sécession du Texas lors d'un rassemblement du Tea Party en 2009, même s'il s'est gardé de la soutenir ouvertement.