Elles sont télégéniques, elles sont de véritables superstars républicaines, et elles sont des femmes. Elles doivent donc se détester.

Les spéculations renouvelées voulant que Sarah Palin se présente comme candidate à l'investiture républicaine pour la présidentielle de 2012 a poussé un grand nombre de commentateurs politiques américains à suggérer qu'un affrontement doit se préparer entre l'ancienne gouverneure de l'Alaska et sa compatriote du Tea Party, Michele Bachmann.

Les grands titres et les reportages de plusieurs médias ont immédiatement jeté les deux femmes l'une contre l'autre à la suite de semaines de suggestions voulant que Mme Bachmann, qui devrait bientôt annoncer officiellement sa candidature, avait coupé l'herbe sous le pied de Sarah Palin, et que la personnalité bien connue du réseau Fox News désirait lui rendre la monnaie de sa pièce.

«Sarah Palin et Michele Bachmann se jaugent», lisait un titre sur Politico.com. «Sommes-nous prêts pour deux femmes à la fois?», demandait Salon.com, de tendance libérale.

«Les étincelles pourraient voler si chacune d'elles décide de se présenter à la présidence», titrait de son côté le site internet conservateur NewsMax.

Ce genre de propos exaspère Deborah Walsh, la directrice du Center for American Women and Politics de l'Université Rutgers au New Jersey. Elle affirme que les médias américains ont depuis longtemps la malheureuse tendance à réduire des politiciennes en compétition à l'état de harpies rivales qui feraient la fierté des personnages du film Mean Girls.

«Vous introduisez deux femmes dans une course et ça devient un combat de chipies», a déclaré Mme Walsh lors d'une entrevue, vendredi.

«Vous ne pouvez apparemment avoir qu'une seule femme dans une course. Vous ne pouvez en avoir davantage, car si tel est le cas, leurs griffes vont sortir. C'est encore, et cela choque en 2011, le scénario qui ressort si facilement dans les médias lorsque deux femmes se présentent l'une contre l'autre.»

Mme Walsh a ajouté que cette opportunité pourrait être considérée comme une certaine forme de progrès historique.

Les commentateurs ont plutôt émis l'opinion que les deux politiciennes se battraient pour «le même espace», puisqu'elles sont toutes deux de tendance conservatrice, populaire auprès du mouvement Tea Party, et femmes. Mme Walsh affirme trouver étrange le fait que le sexe des deux candidates soit présenté comme un enjeu, puisque personne ne suppose que l'entrée de Mme Palin dans la course nuirait à la campagne de ses adversaires masculins.

Au final, le fait de se concentrer sur le mauvais sang entre des femmes politiciennes n'est certainement pas nouveau pour les médias.

Lorsque Hillary Clinton envisageait de se porter candidate pour un siège de sénatrice dans l'État de New York en 2000, les tabloïds de New York l'ont fait se mesurer à Nita Lowey, une membre du Congrès américain qui pensait se porter elle aussi candidate pour finalement abandonner.