Les relations entre Islamabad et Washington sont à un «moment décisif» après la mort au Pakistan d'Oussama ben Laden, a estimé dimanche à Kaboul le sénateur américain John Kerry, qui va se rendre ensuite au Pakistan pour «d'importantes discussions» avec ses dirigeants.

«Il s'agit d'un moment décisif en ce qui concerne notre relation avec le Pakistan», a déclaré M. Kerry lors d'une conférence de presse au second jour de sa visite à Kaboul.

Le président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat a annoncé qu'il allait se rendre au Pakistan pour des «discussions évidemment importantes au cours des 24 prochaines heures».

«Nous sommes à un moment où nous devons résoudre des questions très importantes. Ce n'est le moment pour rien d'autre qu'une discussion lucide et sérieuse, avec la conscience qu'il y a beaucoup en jeu», a-t-il souligné.

Il a estimé qu'il existait des preuves que «le gouvernement pakistanais a connaissance de certaines activités» des insurgés afghans qui opèrent depuis son territoire et traversent la frontière, et que cela était «très perturbant».

«Cela sera sans aucun doute un des sujets de conversation» avec ses interlocuteurs au Pakistan, a-t-il assuré, sans dévoiler qui il devait y rencontrer.

«Nous devons trouver un moyen d'aller de l'avant, si c'est possible. Si ce n'est pas possible, cela pourrait avoir une série de conséquences négatives qui peuvent être profondes», a-t-il prévenu, tout en assurant vouloir rester «optimiste pour le moment».

M. Kerry a également tenu à rappeler que le Pakistan avait soutenu les États-Unis dans leur lutte contre Al-Qaïda ces dernières années, notamment en autorisant des agents américains du renseignement à opérer sur son territoire.

John Kerry est arrivé samedi en Afghanistan pour une visite-surprise, dont ni le programme ni la durée n'ont été dévoilés «pour des raisons de sécurité».

Le moment de son départ pour le Pakistan n'a pas été révélé.

Il a notamment rencontré le président afghan Hamid Karzaï et plusieurs hauts responsables afghans et américains.

Le sénateur est le premier haut responsable américain à se rendre au Pakistan depuis le raid le 2 mai dernier contre la maison dans laquelle était caché Oussama Ben Laden, à Abbottabad, à 80 km d'Islamabad.

John Kerry a estimé que la mort du chef d'Al-Qaïda pouvait marquer le «début d'une nouvelle phase» en Afghanistan, en poussant certains des insurgés les moins radicaux à rejoindre le processus de réconciliation lancé par le président Karzaï.

«Il est clair que la réconciliation doit être mieux précisée. Elle ne doit pas signifier un abandon des droits importants nouvellement conquis pour les femmes ou dans d'autres secteurs de la société», a-t-il souligné.

Il a également assuré que la mort de ben Laden, cible des États-Unis quand ils ont envahi l'Afghanistan fin 2001, n'entraînerait pas un «retrait précipité» de la coalition menée par les Américains.