Sa lecture de l'histoire avec un grand H lui fait croire qu'il n'est pas seulement l'homme d'hier mais également celui de demain. Son modèle, Charles de Gaulle, n'a-t-il pas perdu le pouvoir avant de revenir, des années plus tard, à la tête de la France?

Ayant achevé l'exil politique qui est à son avis le lot de plusieurs grands hommes d'État, Newt Gingrich a donc annoncé hier sur Twitter sa candidature à la présidence des États-Unis. Dans une vidéo diffusée sur l'internet, le politicien de 67 ans a ensuite lancé aux Américains un appel à l'unité afin de «ramener l'Amérique à l'espoir et à l'opportunité».

«Je veux votre aide, car personne ne peut accomplir cela à la Maison-Blanche», a déclaré l'architecte d'une victoire historique des républicains à la Chambre des représentants en 1994. «Nous devons parler ensemble, travailler ensemble, trouver des solutions ensemble et insister pour imposer ces solutions aux forces qui résistent au changement», a-t-il ajouté, devenant le plus grand nom du Parti républicain à se présenter officiellement contre Barack Obama.

Appel entendu?

Il reste à voir si les électeurs répondront à l'appel de cet ancien professeur d'histoire qui est devenu en 1995 le premier président républicain de la Chambre en 40 ans. À ce poste, qu'il a occupé jusqu'en 1999, il a notamment contribué à une réforme de l'aide sociale et au premier budget équilibré en plus d'un quart de siècle, des résultats dont il a revendiqué la paternité hier.

Bill Clinton, son adversaire de la Maison-Blanche, se félicite des mêmes réalisations.

Embarras

Mais Newt Gingrich a également accumulé au fil des ans des histoires encombrantes, sur les plans politique et personnel, qui risquent de lui nuire dans sa première campagne présidentielle. Il a notamment trompé sa deuxième femme avec une de ses employées alors même que les républicains de la Chambre mettaient le président Clinton en accusation pour son rôle dans l'affaire Monica Lewinsky.

En 2000, Newt Gingrich a épousé cette ancienne employée, Callista Bisek, et adopté sa religion, le catholicisme.

Pourrait-il causer la surprise en remportant l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012?

«D'un côté, la course à l'investiture est des plus ouvertes», a déclaré à La Presse Dante Scala, politologue de l'Université du New Hampshire, l'État qui doit tenir les premières primaires de la campagne présidentielle. «Il n'y a pas de favori.»

«Mais je pense que Gingrich aura sa part de difficultés, a-t-il ajouté. Il est, d'une certaine façon, trop familier aux républicains. Il est une figure du passé. Et il traîne un lourd bagage.»

Bond d'Obama dans les sondages

Newt Gingrich aurait sans doute pu choisir une meilleure journée pour annoncer sa candidature à la Maison-Blanche. Le début officiel de sa campagne a coïncidé avec la publication de deux sondages indiquant une remontée de Barack Obama dans l'opinion publique.

Pas moins de 60% des Américains sont satisfaits de sa performance à la Maison-Blanche, selon un sondage AP-Gfk, un sommet depuis mai 2009.

Un sondage Reuters-Ipsos a par ailleurs révélé que le président démocrate jouit d'une avance de plus de 10 points sur tous les candidats républicains possibles, y compris Gingrich et les anciens gouverneurs Mitt Romney et Mike Huckabee. Les deux sondages ont été réalisés après l'annonce de la mort d'Oussama ben Laden.

S'il faut se fier au baromètre Reuters-Ipsos, l'économie demeure le point de vulnérabilité le plus important du président: seuls 34% des Américains approuvent sa performance sur cette question.