Depuis la mort d'Oussama ben Laden, Ground Zero n'est plus le même endroit aux yeux de Dave Monaghan, qui travaille à la construction d'une station souterraine de transport sur le site de l'ex-World Trade Center.

«J'ai l'impression que les nuages noirs qui étaient ici sont maintenant partis. Tout le monde est heureux», a déclaré l'ouvrier de 48 ans, qui se tenait sur la place Trinity avec d'autres travailleurs de la construction chassés de Ground Zero environ trois heures avant la visite que Barack Obama y a faite hier.

Dave Monaghan aurait pu rentrer chez lui ou aller prendre une bière dans un des bars du coin. Mais il a voulu être le plus près possible de Ground Zero durant la brève cérémonie à laquelle le président a participé. Plusieurs centaines de New-Yorkais et de visiteurs ont ressenti le même besoin.

«Je ne suis pas venu ici pour voir le président», a déclaré Chris Revere, un pompier à la retraite depuis 2005 qui a perdu quatre membres de son unité et plusieurs amis lors des attentats du 11 septembre 2001. «Je suis ici pour rendre hommage à tous mes frères qui ont perdu leur vie dans les tours.»

Et comment a-t-il réagi à l'annonce de la mort de ben Laden?

«Je voulais savoir pourquoi cela avait pris autant de temps!», s'est-il exclamé. Puis, après une pause, il a ajouté: «Évidemment, j'ai été transporté de joie en apprenant que justice avait été faite. Mais je réalise aussi qu'il y en a des milliers comme lui là-bas.»

Avant de se rendre à Ground Zero, où il a déposé une couronne de fleurs à la mémoire des victimes du pire acte terroriste sur le sol américain, le président Obama avait visité une caserne de pompiers, profitant de l'occasion pour faire sa seule déclaration publique de la journée.

«Ce qui s'est passé dimanche, grâce au courage de nos militaires et au travail extraordinaire de nos services de renseignement, a envoyé un message au monde entier, mais aussi chez nous: quand nous disons que nous n'oublierons jamais, nous le pensons», a-t-il déclaré en faisant référence à l'opération du commando américain qui a mené à l'élimination de ben Laden.

La visite de Barack Obama à Ground Zero, qui s'est déroulée sous un ciel presque sans nuages, n'a pas donné lieu à des débordements patriotiques comme il y en a eu au même endroit dimanche soir. Les drapeaux américains n'étaient pas rares autour du site, mais l'atmosphère était plus calme que festive.

L'endroit n'était sans doute pas idéal pour trouver des critiques de l'opération du commando américain qui a pris fin par l'exécution d'un homme désarmé.

«Je fais pleinement confiance aux militaires», a déclaré Edith Santi, une Américaine d'origine sud-africaine. «Ils ont dû prendre des décisions hâtives. Si ben Laden avait levé les mains, il aurait été arrêté. Mais je ne pense pas que c'est ce qu'il a fait.»

La cérémonie à Ground Zero a permis à plusieurs visiteurs et téléspectateurs de constater l'évolution des travaux sur le site, où l'on peut notamment voir les 60 premiers étages d'une tour de 541 mètres appelée 1 World Trade Center.