La protection de l'environnement, une des bêtes noires des républicains américains, a évité le pire selon les écologistes mais va faire les frais du compromis budgétaire adopté jeudi par le Congrès et perdre d'importants moyens en 2011.

L'enveloppe de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) a été réduite de 15% (1,35 milliard de dollars) par rapport à 2010.

Ce montant représente près de 4% des 39 milliards de dollars d'économies finalement décidées pour réduire le déficit des finances américaines.

La majorité républicaine de la Chambre des représentants avait cherché à réduire le budget de l'EPA de 30% pour cet exercice budgétaire qui s'achèvera le 30 septembre, ce que le Sénat à majorité démocrate aurait rejeté.

Si le pire a été évité pour le moment selon les écologistes, l'amputation de 15% de l'enveloppe de l'EPA «va rendre notre travail pour un environnement propre beaucoup plus difficile», juge Steven Brown, un haut responsable de l'agence.

Selon lui, cette réduction compromet les efforts pour aider les États à mettre en oeuvre les réglementations de protection de la santé publique et de l'environnement.

Des projets sur le traitement des eaux usées ou des usines de purification de l'eau destinée à la consommation sont de fait compromis, estime-t-il.

Des programmes liés à la lutte contre le changement climatique ont aussi été réduits de 13% (49 millions de dollars) et un fonds fédéral servant à racheter des terrains dans le cadre d'actions pour protéger l'environnement a été réduit de 33% (149 millions).

Enfin, le budget du poste de conseiller spécial du président sur le changement climatique créé par Barack Obama et occupé jusqu'à son départ il y a quelques mois par Carol Browner a été supprimé.

Outre l'EPA, le ministère de l'Intérieur, chargé des parcs nationaux et de la gestion des ressources naturelles, a perdu 25 millions de dollars pour la protection des espèces animales menacées.

«L'essentiel des priorités du président Obama pour l'environnement et l'énergie a été préservé» et les «coupes profondes discutées durant ces négociations budgétaires ont été bloquées», juge cependant l'économiste Adele Morris, experte des questions du climat et de l'énergie à la Brookings Institution à Washington, un cercle de réflexion.

Mais, estime-t-elle, «les républicains reviendront à la charge» dans les tractations sur le projet de budget 2012.

«Les républicains ciblent l'EPA, non pas pour des raisons d'économie budgétaire, mais parce qu'ils sont préoccupés par les pouvoirs réglementaires de l'agence» et par son impact économique, explique-t-elle.

Les républicains de la Chambre cherchent ainsi à priver l'EPA de l'autorité que lui confère le «Clean Air Act» en matière de gaz à effet de serre.

Comme ils ne peuvent pas l'attaquer, faute de contrôler le Sénat, ils essaient de l'affaiblir en réduisant ses moyens, estime Adele Morris.

Elle observe toutefois que même certains démocrates redoutent l'impact économique néfaste de la réglementation sur les émissions de gaz à effet de serre, surtout le CO2.

Pour John Coequyt, un porte-parole du Sierra Club, l'organisation environnementale américaine, «la plus grande crainte c'est que les protections de l'environnement en place, l'EPA et le ministère de l'Intérieur continuent à être ciblés de façon disproportionnée dans le prochain budget» ce qui serait alors «un sérieux problème».