Lundi dernier, Tim Pawlenty, ex-gouverneur du Minnesota, est devenu le premier républicain d'une certaine envergure à confirmer ses ambitions pour l'élection présidentielle de 2012. Deux jours plus tard, il a reçu un rappel brutal du défi qui l'attend: seulement 41% des électeurs de son propre parti connaissent son nom, selon un sondage Gallup.

Mais T-Paw, comme le surnomment ses supporteurs, est convaincu de détenir un avantage crucial sur les candidats potentiels les plus connus à l'investiture républicaine. Il croit incarner toutes les tendances du parti, contrairement aux Mitt Romney, Mike Huckabee, Newt Gingrich et Sarah Palin.

«Il est juste de dire que la plupart d'entre eux, sinon la totalité, s'adresseront principalement à une seule catégorie d'électeurs républicains, peut-être à une catégorie et demie», a-t-il déclaré la semaine dernière lors d'une réunion publique diffusée sur l'internet. «Mais je ne pense pas qu'ils pourront s'adresser à toutes les catégories comme je peux le faire.»

Âgé de 50 ans, Tim Pawlenty définit ainsi les trois grands groupes composant l'électorat républicain: les tenants de l'austérité fiscale, les conservateurs religieux et les partisans du Tea Party. Dans ses discours, il promet aux premiers de s'attaquer aux programmes générateurs de déficits, répète aux deuxièmes que la Constitution américaine a été conçue pour «protéger les croyants du gouvernement et non pas le gouvernement des croyants», et s'exclame devant les troisièmes: «Le gouvernement est fichtrement trop gros!»

Un autre atout

James Kirkpatrick, président du Parti républicain du comté de Fayetteville, dans l'Iowa, voit un autre atout dans le jeu de Tim Pawlenty.

«Il a réussi à se faire élire et réélire au Minnesota, un État qui vote habituellement démocrate. Il pourra gagner des indépendants à sa cause et donner la chance au Parti républicain d'être concurrentiel dans des États comme le sien et le Wisconsin», dit Kirkpatrick, premier dirigeant républicain d'un comté d'Iowa à appuyer Tim Pawlenty. L'Iowa tiendra le premier test électoral de la campagne présidentielle de 2012 dans moins d'un an.

Et que pense James Kirpatrick du handicap que représente l'anonymat relatif de Tim Pawlenty?

«Avec le temps, les gens vont finir par connaître son nom», répond-il au cours d'un entretien téléphonique. «Il y a quatre ans, plusieurs personnes ne savaient pas qui étaient Barack Obama ou Mike Huckabee.»

La mémoire de James Kirpatrick semble être un peu embrouillée. En mars 2007, 75% des électeurs connaissaient le nom de Barack Obama, selon Gallup. Le futur président était déjà considéré comme une rock star de la politique; ses livres dominaient la liste des best-sellers et son charisme était reconnu par tous les observateurs.

Tim Pawlenty a certes fait paraître en janvier son autobiographie, Courage to Stand: An American Story, mais ce titre n'est apparu sur aucune liste de best-sellers. Quant à sa personnalité, elle n'a rien d'électrisant, même si une vidéo publicitaire le présente comme un héros hollywoodien à la Bruce Willis. Ses partisans le décrivent souvent comme un «bon gars» auquel les électeurs pourront s'identifier.

Origines modestes

De fait, l'histoire de Tim Pawlenty est celle d'un politicien qui a réussi malgré des épreuves familiales et des origines modestes. Son père a perdu son emploi de camionneur pendant un certain temps. Sa mère est morte d'un cancer quand il avait 16 ans. Il a dû travailler dans une épicerie étant jeune. Il a été le premier membre de sa famille à fréquenter l'université (il a fait son droit à l'Université du Minnesota, où il a rencontré sa femme, qui lui a donné deux filles).

Après avoir commencé sa carrière politique à 28 ans sur la scène municipale, Pawlenty s'est fait élire en 1993 à la Chambre des représentants du Minnesota, où il est devenu chef de la majorité républicaine en 1998. De ses deux mandats au poste de gouverneur, il retient aujourd'hui ses confrontations avec les employés du secteur public et ses vetos contre plusieurs projets de loi démocrates.

«J'ai établi un record pour le nombre de vetos dans mon État dans une année», s'est-il vanté en février devant des militants conservateurs réunis à Washington. «J'ai opposé mon veto à des milliards et des milliards de dollars en augmentations d'impôts et de dépenses.»

Ses critiques ne manquent jamais de rappeler que Tim Pawlenty a laissé à son successeur un trou budgétaire de six milliards de dollars.

Mais la critique est préférable à l'anonymat pour qui rêve à la Maison-Blanche.