Un an après avoir intégré le Conseil des Droits de l'homme de l'ONU, boycotté auparavant par Washington, les États-Unis ont imprimé leur marque au sein de l'instance onusienne, estiment experts et diplomates.

Pour Juliette de Rivero, de l'organisation Human Rights Watch à Genève, la présence américaine «a revitalisé et changé la dynamique au sein du CDH d'une façon positive».

La Libye, l'Iran, la Côte d'Ivoire, le printemps arabe: lors de sa 16ème session qui se termine vendredi le Conseil a tenté d'être présent sur tous les fronts pour «remettre les Droits de l'Homme au coeur du Conseil des Droits de l'Homme» selon la formule d'un diplomate.

La nomination jeudi d'un rapporteur de l'ONU sur l'Iran, pour la première fois depuis neuf ans, initiative soutenue par Washington, a été saluée comme une victoire de plus après la suspension de la Libye de l'organisation internationale il y a quelques semaines.

«Cette session marque un tournant significatif et démontre la capacité du Conseil à affronter des situations de crise en temps réél», a résumé devant des journalistes la représentante américaine Eileen Donahoe, qui se consacre exclusivement à l'organisation.

«Nous essayons simplement de faire comprendre que le Conseil affrontera plus efficacement que par le passé des situations de crise comme en Côte d'Ivoire, en Libye ou dans le cas de graves violations de droits de l'Homme comme nous venons de le faire pour l'Iran», a-t-elle relevé.

Si sous la présidence de George W. Bush, les États-Unis avaient refusé de faire partie du Conseil né des cendres de la défunte et décriée Commission des Droits de l'Homme, l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche a changé la donne.

«Pour nous, diplomates européens, nous sommes tout à fait persuadés du bien fondé de la présence» des États-Unis au sein du Conseil, reconnait l'un d'entre eux. «Grace aux États-Unis, nous avons engrangé beaucoup de succès qu'on n'aurait pas obtenu autrement», ajoute-t-il.

Les pays occidentaux sont en minorité au sein du Conseil, où ils peinent à faire entendre leur voix face à l'alliance des États africains, islamiques, asiatiques et latino-américains.

«Certains pays étaient dans la confrontation les uns avec les autres. En travaillant avec eux, les États-Unis atténuent la polarisation» au sein du Conseil des droits de l'homme, constate Juliette de Rivero.

Pour HRW, la «décision de l'administration Obama d'aborder les problèmes de façon transrégionale, multilatérale» s'est révélé une «stratégie payante».

L'ex-rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation Jean Ziegler, aujourd'hui membre du comité consultatif du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, y  relève le «retour en force» des États-Unis.

Ils sont «très présents» au sein du Conseil, dit-il à l'AFP tout en reprochant à Washington des «attitudes contradictoires» et «une totale cécité envers Israël».

Pour sa part, Andrew Clapham, spécialiste des droits de l'Homme à l'Institut des Hautes Etudes de Genève, souligne que «tant que les États-Unis étaient en dehors du Conseil et essayaient de le saper, ils réduisaient les possibilités de son utilité universelle».

Menant la charge diplomatique sur fond de crise libyenne, la secrétaire d'État Hillary Clinton a plaidé à Genève en faveur de la présence américaine au Conseil à l'ouverture de la session.

«Les États-Unis ont rejoint le Conseil, a-t-elle lancé, parce que nous croyons que nous pouvons faire la différence en travaillant avec vous de l'intérieur plutôt qu'en restant à critiquer de l'extérieur».

Mais aux États-Unis, les adversaires républicains du président Obama se livrent pour leur part à une véritable offensive anti-ONU, mettant spécifiquement en cause le Conseil des droits de l'Homme et bien décidés à en  demander à nouveau le boycott.