Bruce Ivins, l'auteur des lettres empoisonnées à l'anthrax qui avaient fait 5 morts en 2001 aux États-Unis, était un déséquilibré ayant agi pour se venger de la société et par souci de «valorisation personnelle», selon un rapport d'experts.

Ce rapport, rédigé à la demande d'un juge de Washington et publié mardi, est le travail d'un groupe d'experts indépendants composés de psychiatres qui ont fouillé dans le passé de Bruce Ivins, un scientifique du gouvernement américain, pour évaluer ses «motivations et les liens éventuels entre sa santé mentale et les crimes commis».

L'enquête décrit Bruce Ivins comme un homme cassé par une enfance difficile et par des relations chaotiques avec autrui. «Sa mère frappait et maltraitait son mari (...) et il semblerait qu'elle ait agressé le Dr Ivins quand il était petit garçon, tandis que son père l'humliait en public», écrivent les auteurs du rapport.

L'enquête de la police fédérale américaine (FBI) avait conclu que Bruce Ivins était le seul responsable de l'envoi des lettres empoisonnées au bacille du charbon (anthrax), juste après les attentats du 11 Septembre 2001. M. Ivins s'était suicidé peu avant que la justice ne rende ses conclusions. L'enquête avait été critiquée, accusée de reposer essentiellement sur des preuves indirectes.

Le rapport du groupe d'experts accrédite la thèse du FBI et affirme que Bruce Ivins était «guidé par un besoin désespéré de valorisation personnelle» et «un esprit de revanche» sur la société.

Envoyer des lettres à l'anthrax constituait ainsi un moyen pour Bruce Ivins de mettre en avant son propre travail, assurent les experts: «En lançant ces attaques, le Dr Ivins montrait que l'anthrax était une menace et que le traitement qu'il avait aidé à mettre au point était nécessaire pour protéger la population».

Le rapport souligne également qu'une série de manquements ont permis à Bruce Ivins d'être engagé dans un laboratoire militaire, où il avait accès à l'anthrax, malgré la présence de nombreux signaux d'alerte sur ses troubles de comportements.