Le sénateur américain John Kerry a estimé mercredi dans un discours que la politique américaine au Moyen-Orient avait besoin d'un «réajustement», pour s'adapter aux nouvelles réalités de la région en pleine ébullition.

«La relation des États-Unis avec la région demande un réajustement plus large afin de refléter les nouvelles réalités», a dit le sénateur dans un discours devant le groupe de réflexion Carnegie Endowment for International Peace.

Très écoutées à Washington, les positions de M. Kerry, candidat démocrate malheureux à la présidentielle en 2004, ont souvent inspiré l'administration Obama ces derniers temps.

«Trop souvent au cours de la dernière décennie, nous avons vu les régimes de la région principalement comme des remparts dans le combat contre le terrorisme, tout en détournant notre regard des abus que nous trouvons excessifs», a dit l'influent sénateur démocrate, qui préside la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.

«Nous ne pouvons plus voir le Moyen-Orient seulement à travers le prisme du 11-Septembre», a dit le sénateur en ajoutant que Washington devait plutôt se fonder sur la situation en 2011.

En outre, M. Kerry a regretté que «pendant des décennies», la politique américaine dans la région «ait été conduite par la dépendance envers le pétrole étranger». «Et la démocratie et les droits de l'homme ont été occultés», a-t-il ajouté.

M. Kerry a estimé que les révoltes en Egypte, en Tunisie, en Libye, à Bahreïn, au Yémen représentaient «un défi énorme à la fois pour les gens de région et la relation des Etats-Unis avec eux».

«La façon dont nous y répondons aujourd'hui va déterminer notre position stratégique au Moyen-Orient et la vision que les musulmans dans le monde ont de nous pour les décennies à venir», a estimé M. Kerry.

Le sénateur a également estimé que les Etats-Unis devaient jouer un «rôle constructif» dans la région pour empêcher les «forces du radicalisme» de progresser.

Pour parvenir à ces fins, M. Kerry a rappelé qu'il travaillait avec le sénateur républicain John McCain et l'indépendant Joe Lieberman à un projet de loi pour encourager la transition vers la démocratie en aidant au développement économique.

Par ailleurs, le sénateur s'est prononcé pour l'établissement d'une zone d'exclusion aérienne en Libye où le colonel Mouammar Kadhafi prend l'avantage sur la rébellion installée dans l'est du pays. «Quelle que soit l'issue, Kadhafi n'a pas de légitimité», a affirmé M. Kerry.

Le sénateur doit se rendre dans la région «dans les prochains jours» et envisage d'en «dire plus» sur le processus de paix lorsqu'il reviendra.