Plus de deux ans après l'élection du premier président noir des États-Unis, les doutes sur ses origines semblent croître chez les conservateurs américains plutôt que de diminuer.

Mike Huckabee, ancien gouverneur de l'Arkansas et candidat potentiel à l'élection présidentielle de 2012, a ajouté à la confusion lundi: il a affirmé que Barack Obama avait grandi au Kenya, le pays de son père - ce qui est faux. Il répondait à une question de l'animateur de radio Steve Malzer, tenant de la théorie selon laquelle Barack Obama occupe la Maison-Blanche illégalement puisqu'il n'est pas né aux États-Unis.

«Je voudrais en savoir davantage», a dit Huckabee à Malzer, qui se plaignait de ne pas avoir vu l'acte de naissance de Barack Obama, entre autres documents. «Ce que je sais déjà me trouble amplement. Si on y pense, il a grandi au Kenya, avec un père kényan et un grand-père dont l'opinion sur la rébellion mau mau est différente de la nôtre. Il a probablement entendu dire que les Britanniques étaient une bande d'impérialistes qui ont persécuté son grand-père.»

Barack Obama avait 26 ans lorsqu'il a foulé le sol kényan pour la première fois. Son père et son grand-père paternel étaient déjà morts. De l'âge de 5 à 10 ans, il a cependant bel et bien vécu à l'étranger, plus précisément en Indonésie, comme l'a reconnu mardi soir Hogan Gidley, porte-parole de Mike Huckabee.

«Le gouverneur Huckabee s'est tout simplement mal exprimé lorsqu'il a fait allusion aux années du président Obama au Kenya. Il voulait dire que le président a grandi en Indonésie», a déclaré Gidley, sans toutefois expliquer le rapport entre ce pays asiatique et la rébellion mau mau.

Populaire auprès de la droite religieuse, Mike Huckabee devance les autres candidats potentiels du Parti républicain à la Maison-Blanche dans plusieurs sondages. Ses propos ambigus sur les origines de Barack Obama ne devraient pas lui nuire auprès des électeurs susceptibles de participer aux primaires républicaines en 2012. Pas moins de 51% d'entre eux estiment que le président démocrate n'a pas vu le jour aux États-Unis, un pourcentage à ajouter aux 21% qui sont incertains, selon un sondage récent de l'organisation Public Policy Polling.

L'opinion de ces électeurs a contribué à la présentation dans plusieurs États américains de projets de loi réclamant des preuves additionnelles du lieu de naissance de Barack Obama avant que son nom ne soit inscrit sur les bulletins de vote de 2012. La Géorgie est devenue lundi le 11e État à mettre un tel texte à l'étude.

«La plupart des gens estiment qu'il s'agit d'une question suffisamment importante pour que l'État s'y intéresse», a déclaré le représentant républicain Mark Hatfield. «C'est une réaction à un président qui n'est pas capable de rendre public son acte de naissance original ou qui n'est pas disposé à le faire.»

Théorie du complot

Le président avait tenté de mettre fin à ce genre de questionnement en publiant sur l'internet une copie de son acte de naissance lors de la campagne présidentielle de 2008. Cette stratégie n'ayant pas convaincu les sceptiques, les autorités d'Hawaii ont par la suite confirmé à plusieurs reprises la validité du document. Peine perdue.

La controverse sur les origines de Barack Obama ne réjouit pas tous les républicains. Elle a même inspiré une nouvelle théorie du complot à Karl Rove, ex-stratège de George W. Bush.

«C'est une stratégie de la Maison-Blanche, a-t-il déclaré récemment. Le président pourrait dire: "Voici les documents", mais il est heureux de prolonger la controverse. Chaque fois que les conservateurs parlent de ça, ils se marginalisent et se diminuent aux yeux des électeurs indépendants.»