Le président américain Barack Obama a estimé mercredi que la loi interdisant le mariage homosexuel était «anticonstitutionnel», envoyant un signe fort en direction de la communauté gaie, malgré ses propres doutes sur l'opportunité de légaliser ces unions.

M. Obama estime que la loi fédérale dite de «Défense du mariage» («DOMA»), qui stipule qu'un mariage doit être l'union d'un homme et d'une femme, est «anticonstitutionnelle», a indiqué le ministre de la Justice américain Eric Holder.

«En conséquence, le président a ordonné au ministère de la Justice ne plus défendre cette loi» lors des contentieux juridiques portant sur cette question, a ajouté M. Holder dans un communiqué.

Jusqu'ici, le gouvernement pouvait intervenir devant les tribunaux pour s'opposer aux couples homosexuels en invoquant cette loi.

M. Obama a conclu, «après un examen attentif de nombreux éléments, y compris une documentation détaillée sur la discrimination», que la question du mariage homosexuel devait être examinée «sur la base de critères plus pointus», selon M. Holder.

La décision du président américain ne signifie pas pour autant qu'il a changé d'opinion sur le mariage homosexuel, a précisé son porte-parole, Jay Carney, indiquant que les dernières déclarations de M. Obama sur le sujet restaient d'actualité.

Le président américain avait confié fin décembre que sa position sur le mariage gai évoluait «constamment» mais qu'il n'était pas prêt «à ce stade» à l'autoriser.

La décision de M. Obama vise précisément l'article 3 de la loi votée en 1996, qui définit le mariage comme étant «seulement une union légale entre un homme et une femme», exigeant des époux qu'ils soient de «sexe opposé».Le président américain estime que ce texte «viole» le Ve amendement de la Constitution, qui protège les citoyens contre les abus de l'État, a indiqué M. Holder.

L'orientation sexuelle, a poursuivi le ministre de la Justice, ne «présente aucun signe distinctif et il y a un consensus grandissant au sein de la communauté scientifique pour dire qu'il s'agit d'un trait de caractère immuable».

Sitôt cette décision annoncée, la sénatrice démocrate Dianne Feinstein a indiqué qu'elle allait introduire un projet de loi pour «abroger la loi une bonne fois pour toutes».

Le changement de politique entrepris par Barack Obama constitue un signal fort en direction des homosexuels américains, et plus largement de tous ceux militant pour la légalisation des unions gaies aux États-Unis, actuellement autorisées dans cinq États (Connecticut, Iowa, Massachusetts, New Hampshire, Vermont), ainsi que la capitale Washington.

L'organisation pro-gais Human Rights Campaign a salué la décision «monumentale» du président américain, estimant que la loi sur le mariage était «discriminatoire».

La puissante organisation américaine de défense des droits civils ACLU s'est de son côté félicitée de cette «manifestation de soutien historique en faveur d'une égalité de traitement des individus devant la loi».

L'opposition républicaine a en revanche exprimé son mécontentement. «Alors que les Américains veulent que Washington se concentre sur les emplois (...) le président va devoir expliquer pourquoi il pense que c'est le bon moment pour raviver une question qui divise le pays», a déclaré Michael Steel, porte-parole du président de la Chambre des représentants, John Boehner.

Le virage de l'administration Obama intervient deux mois après l'abrogation de la loi «Don't ask, don't tell» («Ne rien demander, ne rien dire») qui obligeait les homosexuels dans l'armée à taire leur orientation sexuelle.