Il reste à Barack Obama trois jours avant la présentation de son budget 2012, mais déjà, toute cette semaine, les républicains, requinqués par leur victoire aux élections de mi-mandat, ont agité le chiffon rouge de la rigueur, un de leurs chevaux de bataille.

La présentation officielle du projet de budget pour l'exercice 2012, qui s'étend d'octobre 2011 à octobre 2012, doit avoir lieu lundi. Mais sans attendre, les républicains, chauds partisans de la réduction des dépenses et de la lutte contre le déficit, sont montés au créneau.

«Je suis inquiet; il (Obama) va bientôt envoyer au Congrès un budget qui détruit des emplois, car il dépense trop, taxe trop et emprunte trop», a affirmé jeudi le républicain John Boehner, président de la Chambre des représentants.

Pour l'exercice 2011, le déficit américain doit atteindre près de 1 500 milliards de dollars (9,8% du PIB).

Les républicains, victorieux aux législatives en novembre, contrôlent la Chambre, qui a la haute main sur les questions budgétaires. Ils ont aussi renforcé leur minorité de blocage au Sénat.

«Vous allez voir plus de coupes budgétaires avec ce Congrès qu'avec tout autre Congrès dans l'histoire de ce pays», a lancé jeudi à la presse John Boehner.

Pour apaiser les républicains, M. Obama a proposé récemment un gel sur certaines dépenses budgétaires pendant cinq ans, deux de plus que précédemment annoncé. Mais la mesure ne rapporterait que 200 milliards sur 10 ans.

Outre le débat sur le prochain budget, les discussions au Congrès tournaient autour de réductions budgétaires dans un projet de budget provisoire pour la fin de l'exercice 2011 qui se termine au 1er octobre. Le plan de financement en cours expire au 4 mars.

Jeudi, le président de la commission chargée de répartir les dépenses fédérales à la Chambre, Hal Rogers, a annoncé son intention de proposer dans ce cadre des coupes budgétaires pour un total de 100 milliards de dollars sur le reste de l'exercice 2011.

Cet objectif qui faisait partie des promesses des républicains avait été revu à la baisse récemment. Mais, sous la pression des élus ultra-conservateurs du «Tea Party», M. Rogers l'a rétabli. «Notre intention est de faire des coupes profondes, mais gérables dans tous les secteurs de l'administration», a indiqué M. Rogers.

Les républicains souhaitent notamment tailler dans le secteur de l'environnement, de la recherche scientifique ou encore de l'aide extérieure. Les 100 milliards devraient même comprendre des coupes dans le budget du Pentagone.

Dans leur effort de rigueur budgétaire, les conservateurs n'épargnent pas le financement de la réforme phare du président, celle de la couverture maladie, auquel ils entendent faire barrage.

«Tout est mis en jeu. Nous sommes sur la paille! Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes. Il est temps pour Washington de passer aux choses sérieuses», a estimé jeudi M. Boehner.

Le projet de budget provisoire sera examiné par la Chambre la semaine prochaine. Mais les coupes des républicains risquent de rencontrer l'opposition des démocrates du Sénat.

De son côté, le républicain Paul Ryan, le président de la commission du Budget de la Chambre, a affirmé jeudi lors d'une audition: «Nous pensons que le plan pour la prospérité passe par un contrôle réel des dépenses et par des réformes».

Face à lui, le démocrate Chris Van Hollen, le «Monsieur Budget» des démocrates, a estimé dans un communiqué que «des coupes budgétaires immédiates ne créeront pas un seul emploi».