Souper en tête-à-tête avec Barack Obama hier soir. Accueil officiel aujourd'hui ponctué des 21 coups de canon traditionnels et suivi d'entretiens bilatéraux, d'une conférence de presse commune et d'un dîner d'État à la Maison-Blanche. Si le président chinois Hu Jintao a trouvé sommaire l'accueil que lui a réservé George W. Bush lors de sa dernière visite à Washington il y a cinq ans, il ne devrait pas avoir à redire à la pompe qui marquera son retour aux États-Unis, où il séjournera jusqu'à vendredi. Sa visite ne devrait cependant pas être dépourvue de tensions, malgré la volonté affichée des deux grandes puissances d'aplanir leurs différences après une année marquée par de nombreux accrochages.

Q: Que s'est-il passé en 2010 pour que s'envenime la relation Washington-Pékin?

R: Trois incidents ont contribué à augmenter les tensions entre les deux capitales. Les États-Unis ont procédé à une nouvelle vente d'armes à Taïwan, poussant la Chine à menacer de prendre des sanctions contre les entreprises américaines se livrant à ce commerce, dont McDonnell Douglas, filiale de Boeing, et Lockheed Martin. Barack Obama a accueilli à la Maison-Blanche le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains, suscitant la colère du régime chinois. Le gouvernement américain a provoqué la même réaction à Pékin en affichant son soutien à l'attribution du prix Nobel de la paix 2010 au dissident chinois emprisonné Liu Xiaobo. Ces incidents ont contribué à faire dérailler les ententes intervenues entre Pékin et Washington lors de la visite effectuée en 2009 par Barack Obama en Chine. Ces ententes portaient notamment sur les domaines de l'énergie, de l'environnement, de l'aviation, de la technologie et de la santé publique.

Q: Quels sont aujourd'hui les principaux sujets de discorde entre les États-Unis et la Chine?

R: Ils sont légion, mais l'administration Obama en a fait ressortir quelques-uns la semaine dernière par le biais d'interventions concertées de trois de ses membres les plus importants. Le secrétaire à la Défense Robert Gates a promis de contrer la modernisation rapide des forces armées chinoises, qui pourrait mettre en danger les moyens américains dans le Pacifique. Le secrétaire au Trésor Tim Geithner a signalé que Washington entendait maintenir la pression sur la Chine pour l'inciter à accepter une réévaluation ou une appréciation du yuan et à s'ouvrir davantage aux entreprises et aux produits américains. Quant à la secrétaire d'État Hillary Clinton, elle a appelé de nouveau la Chine à libérer ses dissidents emprisonnés, dont le Nobel de la paix Liu Xiaobo. La Corée du Nord fait également partie des sujets de discorde entre les deux puissances, les États-Unis déplorant notamment le refus de la Chine de condamner les provocations de Pyongyang.

Q: Quelles sont les demandes chinoises en matière économique?

R: Les Chinois souhaitent notamment obtenir des occasions plus nombreuses d'investissements aux États-Unis et un accès plus large aux produits des technologies de pointe.

Q: Quels sont les enjeux politiques de cette visite pour les présidents chinois et américain?

R: Hu Jianto voudra réaffirmer la place de la Chine parmi les puissances incontournables en raison de son poids économique, qui lui permet de jouer un rôle de plus en plus important sur les plans militaire et géopolitique. Son mandat à la présidence devant prendre fin en 2012, il ne jouit cependant pas d'une marge de manoeuvre assez grande pour négocier des compromis avec son homologue américain. Barack Obama voudra de son côté faire oublier les critiques de sa performance lors du dernier sommet du G20 à Séoul, où les politiques de son gouvernement avaient été critiquées tant par la Chine que par certains pays européens.