Il y a quatre ans moins un jour, Barack Obama confirmait ses ambitions présidentielles en annonçant à ses partisans la formation d'un «comité exploratoire», une organisation qui permet de récolter des fonds et de sonder le terrain avant le lancement officiel d'une campagne à la Maison-Blanche.

Quatre jours plus tard, Hillary Clinton lui emboîtait le pas, ajoutant son nom à une liste de candidats présidentiels qui comprenait déjà six démocrates et huit républicains, dont John Edwards, Joseph Biden, Bill Richardson, John McCain, Mitt Romney et Rudolph Giuliani.

«Je ne pensais pas me retrouver dans cette situation il y a un an, mais depuis que j'ai parlé à beaucoup d'entre vous dans mes voyages partout au pays, j'ai été frappé de voir que nous avons tous faim d'un autre genre de politique», avait expliqué Barack Obama dans un message vidéo.

«J'y vais, et j'y vais pour gagner», avait répliqué Hillary Clinton dans sa propre annonce sur l'internet.

Les caucus en Iowa et les primaires du New Hampshire, étapes inaugurales des courses aux investitures démocrate et républicaine, ne devaient avoir lieu qu'un an plus tard. Mais déjà, les médias américains et internationaux se passionnaient pour cette course à la Maison-Blanche qui allait peut-être mener à l'élection d'une première femme ou d'un premier Afro-Américain à la présidence.

Quatre ans plus tard, la campagne présidentielle de 2012 est encore au point mort, les aspirants à la Maison-Blanche se faisant toujours attendre. Le phénomène n'est pas surprenant chez les démocrates, qui auront la chance de choisir comme candidat un président sortant. Mais il s'explique mal chez les républicains, où seul Herman Cain, ex-homme d'affaires devenu animateur d'un talk-show radiophonique, a confirmé son intention de briguer la présidence.

Pendant ce temps, les candidats potentiels les plus connus au sein du parti républicain, les Sarah Palin, Mitt Romney, Mike Huckabee, Newt Gingrich et Tim Pawlenty, continuent à tourner autour du pot, comme si rien ne pressait. Comment expliquer leurs atermoiements?

«Le peu d'empressement des républicains à faire campagne activement confond à peu près tout le monde, répond Cary Covington, politologue à l'Université d'Iowa. Dans notre État, par exemple, on a toujours considéré qu'il était avantageux de commencer le plus tôt possible à engranger les délégués. Il est donc difficile de comprendre pourquoi les candidats ne sont pas déjà en train de courtiser les présidents du Parti républicain de chaque circonscription.»

Explications

Deux facteurs pourraient expliquer les hésitations des aspirants républicains à la Maison-Blanche, selon Cary Covington. Le premier tient à l'économie américaine. Plusieurs candidats attendraient de connaître son évolution avant de se lancer en campagne, sachant qu'une reprise soutenue rendrait Barack Obama presque imbattable.

«Reagan était dans une position encore pire qu'Obama dans les sondages au même stade de sa présidence, et pourtant il a été réélu par un raz-de-marée en 1984», rappelle le politologue.

L'autre facteur tient à Sarah Palin, qui poursuit sa réflexion sur l'opportunité de briguer l'investiture républicaine.

«Je soupçonne tout le monde de l'observer et d'attendre de voir ce qu'elle fera, soutient Cary Covington. Cependant, je ne pense pas que cela soit une bonne stratégie, car si elle se lance dans la course, elle monopolisera l'attention des médias et privera les autres candidats d'oxygène.»

Il se peut aussi que les plus récents sondages fassent réfléchir certaines têtes d'affiche républicaines. Non seulement le taux d'approbation du président a-t-il fait un bond à la suite de ses succès législatifs de décembre, mais sa cote s'est également améliorée à l'égard des candidats potentiels du Parti républicain.

Ainsi, si l'élection présidentielle avait eu lieu la semaine dernière, Barack Obama aurait battu Mitt Romney par 13 points, Mike Huckabee par 12 points et Sarah Palin par 16 points, selon un sondage du Marist Institute for Public Opinion.

Il faut évidemment prendre avec un grain de sel les sondages réalisés à près de deux ans du scrutin présidentiel. Après tout, Barack Obama ne tirait-il pas de l'arrière par 24 points sur Hillary Clinton dans un sondage réalisé auprès des électeurs démocrates et indépendants après son annonce du 16 janvier 2007?

Ce qui nous ramène à cette question confondante: qu'attendent donc les candidats républicains pour se mouiller?