La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a appelé vendredi la Chine à libérer ses dissidents emprisonnés, dont le Nobel de la paix Liu Xiaobo, estimant qu'en matière de droits de l'homme Pékin n'avait pas tenu ses promesses.

Dans un discours sur les relations sino-américaines à quelques jours d'une visite du président chinois Hu Jintao à Washington, Mme Clinton a été inhabituellement directe dans son appel à une amélioration des droits de l'homme en Chine, qu'elle a qualifiés «d'universels».

«Une société civile épanouie aiderait à résoudre quelques-unes des questions les plus urgentes qui se posent à la Chine, de la sécurité alimentaire à la pollution, en passant pas l'éducation et la santé publique», a assuré la chef de la diplomatie américaine.

«Plus la Chine persistera à réprimer les libertés, plus elle laissera passer cette chance», a averti Mme Clinton. La ministre a aussi souligné que pendant ce temps, la chaise vide de Liu Xiaobo à Oslo resterait «le symbole des promesses non-tenues et du potentiel non-réalisé de ce grand pays».

En décembre, une chaise vide avait symbolisé la détention de Liu Xiaobo lors de la cérémonie d'attribution de son prix Nobel dans la capitale norvégienne. M. Liu a été condamné à 11 ans de prison pour «subversion».

Mme Clinton a assuré que Washington recherchait «une relation de coopération positive et étendue» avec la Chine et se félicitait de l'émergence de ce pays, se défendant de chercher à l'endiguer comme si le monde traversait à nouveau une guerre froide.

«Beaucoup de Chinois rejettent notre défense des droits de l'homme en y voyant une ingérence», a reconnu la secrétaire d'État.

«Mais en tant que membre fondateur des Nations unies, la Chine s'est engagée à respecter les droits de tous ses citoyens. Il s'agit de droits universels qui sont reconnus par la communauté internationale», a-t-elle souligné.

Mme Clinton a aussi soulevé les cas de l'avocat Gao Zhisheng, défenseur des droits de l'homme qui a disparu depuis avril, et de Chen Guangcheng, un aveugle emprisonné après avoir dénoncé les abus de la politique de l'enfant unique.

Accusée par le passé d'avoir sacrifié les droits de l'homme sur l'autel des bonnes relations avec Pékin, la ministre de Barack Obama a estimé que les deux géants du Pacifique se devaient d'être «honnêtes quant à leurs divergences».

Mme Clinton a aussi critiqué l'attitude de Pékin vis-à-vis de la Corée du Nord, notamment son refus de condamner au printemps dernier le torpillage d'une frégate sud-coréenne, attribué à Pyongyang.

«Nous avions prévenu la Chine qu'une absence de réaction de sa part ne ferait qu'encourager la Corée du Nord à poursuivre sur une voix dangereuse», a-t-elle déclaré.

La Corée du Nord a bombardé en novembre dernier une île sud-coréenne.

Mme Clinton a cependant répété que la coopération avec Pékin était vitale et ne pouvait se résumer à une vision simpliste «d'amis ou d'ennemis».

«Nous sommes deux pays complexes, dotés de systèmes politiques profondément différents. Mais nous avons tous deux un intérêt profond pour le maintien de l'ordre mondial actuel et nous avons beaucoup plus à gagner de la coopération que d'un conflit», a-t-elle dit.

M. Hu sera reçu en grande pompe mercredi par Barack Obama pour un dîner d'État, un honneur réservé du temps de son prédécesseur George W. Bush aux seuls dirigeants de démocraties.