Le jeune homme vêtu d'un chandail à capuchon noir et d'un jean bleu est arrivé au supermarché Safeway en taxi, samedi matin. Il a demandé à parler à la représentante démocrate, Gabrielle Giffords.

«Tu dois attendre ton tour au bout de la file», lui a répondu Alex Vilec, 19 ans, bénévole.

De 20 à 25 personnes attendaient devant l'épicerie, peu avant 10h, selon des témoins. Dans la file se trouvaient des retraités, des enfants, des curieux venus discuter avec «Gabby», représentante de leur district, qui tenait un rassemblement pour prendre le pouls des citoyens et répondre à leurs questions.

Le jeune homme est allé à l'arrière de la file. Quelques minutes plus tard, il s'est mis à marcher en direction de Mme Giffords.

Personne ne s'en doutait, mais le jeune homme, identifié par les autorités comme étant Jared Lee Loughner, 22 ans, entretenait depuis longtemps le désir d'assassiner Mme Giffords, selon la police.

Le suspect avait déjà participé à des rassemblements publics organisés par la représentante et avait même déjà reçu une lettre de remerciement de la part de cette dernière.

Hier, les policiers ont retrouvé la lettre signée de la main de Mme Giffords dans un coffre-fort, dans la maison que Loughner partage avec ses parents, non loin du lieu de la tuerie. Sur l'enveloppe, les mots «mon assassinat» et «j'ai planifié à l'avance» («I planned ahead») sont écrits à la main.

Arrivé à environ un mètre de Mme Giffords, le suspect a, selon des témoins, brandi un revolver Glock 9 mm chargé de 31 balles. Il a fait feu sur la représentante, pour ensuite tirer sur les gens qui se trouvaient près d'elle.

Le suspect a marqué une pause pour recharger son arme. Patricia Maisch, 61 ans, qui attendait pour parler à Mme Giffords, s'est alors ruée sur lui et s'est emparée du revolver, selon les policiers. Deux hommes ont plaqué le suspect au sol.

«Individu détraqué»

Hier, d'anciens camarades de classe ont décrit Jared Lee Loughner comme étant une personne «parfois incohérente», qui pouvait ricaner toute seule pendant un cours ou se lancer dans des monologues incompréhensibles.

«À ce que l'on comprend, les policiers sont déjà entrés en contact avec le suspect au sujet de menaces de mort», a dit hier le shérif du comté de Pima, Clarence Dupnik, qui a qualifié le suspect d'«individu détraqué».

Jared Lee Loughner refuse de parler aux policiers depuis son arrestation, samedi. Il invoque le cinquième amendement de la Constitution, qui permet à une personne de refuser de témoigner contre elle-même.