Les adversaires républicains de Barack Obama, victorieux aux élections de novembre, ont effectué cette semaine des premiers pas difficiles aux commandes de la Chambre des représentants, épinglés d'entrée par les démocrates sur leurs promesses de campagne.

Après leur triomphe mercredi et l'élection de John Boehner comme président de la Chambre, les républicains, plongés immédiatement dans les impératifs du pouvoir, n'ont pas eu le temps de savourer leur victoire.

Élus notamment sur des promesses de réduction des déficits publics, les républicains avaient prévu de trouver 100 milliards de dollars d'économies dans les dépenses publiques dès la première année de leur prise de fonctions.

Mais cet objectif semble quasi impossible à atteindre, l'année budgétaire qui commence le 1er octobre étant déjà bien entamée. Désormais, les républicains se bornent à dire qu'ils veulent un retour aux niveaux de 2008, avant le plan de relance sur l'économie du président Obama.

D'emblée, les démocrates ont cherché à relever des contradictions dans les politiques annoncées par les conservateurs. En se fondant sur des estimations du bureau du budget du Congrès (CBO) et de la commission parlementaire mixte sur la fiscalité (JCT), les démocrates affirment même que les républicains vont ajouter 1.000 milliards au déficit sur 10 ans.

«Au premier jour dans leurs (nouvelles) fonctions, les républicains dépensent déjà des milliers de milliards de plus que ce qu'ils n'envisagent de réduire», a lancé le sénateur démocrate Charles Schumer jeudi.

Parmi ces dépenses, les démocrates ont souligné que la grande promesse de campagne des républicains d'abroger la loi sur la couverture maladie, texte symbole de la présidence de Barack Obama, devrait coûter 230 milliards de dollars sur 10 ans, selon le CBO.

Vendredi, la nouvelle Chambre à majorité républicaine a approuvé par 236 voix contre 181 l'abrogation du texte, qui devrait cependant se heurter à l'opposition du Sénat, où les démocrates ont gardé la majorité, et au veto du président.

M. Boehner, en désaccord avec le CBO, a assuré que l'abrogation n'aggraverait pas le déficit et s'est félicité du vote de vendredi, indiquant qu'il s'agissait d'un «premier pas» pour mettre fin à cette loi «destructrice d'emplois».

Mais les républicains qui espéraient récolter au passage le soutien de certains démocrates centristes n'ont obtenu que quatre voix démocrates.

Dans son allocution radiodiffusée samedi, le président Barack Obama a exhorté ses adversaires à «ne pas rejouer les batailles des deux dernières années au lieu de travailler dur pour faire repartir notre économie».

«Nous ne pouvons pas nous permettre de nous engager dans le genre de batailles symboliques qui consument Washington pendant que le reste de l'Amérique attend qu'on résolve ses problèmes», a-t-il insisté.

L'administration Obama a mis dès jeudi les républicains à l'épreuve en réclamant que le Congrès relève à nouveau le plafond de la dette faramineuse des États-Unis: le Congrès avait relevé ce plafond à 14 290 milliards de dollars en février 2010. La dette se monte actuellement à 13 950 milliards de dollars.

Le vote inéluctable au Congrès sur un nouveau relèvement du plafond de la dette (sous peine de défaut de paiement) place donc les conservateurs dans une situation délicate vis-à-vis de leur électorat. Nombre de nouveaux élus ultra-conservateurs se sont d'ailleurs déclarés hostiles à cette mesure.

Les républicains comptent bien continuer de surfer sur la vague de mécontentement qui les a menés au pouvoir en novembre, pour tenter de reprendre la Maison Blanche en 2012. Mais les premiers accrochages subis cette semaine leur ont montré que la route risque d'être semée d'embûches.