Barack Obama a entrepris jeudi un remaniement de son équipe à la Maison-Blanche en nommant William Daley au poste de chef de cabinet, un choix qui a réjoui le monde des affaires et consterné certains partisans progressistes du président.

Apôtre du centrisme, le nouveau chef de cabinet de la Maison-Blanche, William Daley, a déjà exprimé de sérieuses réserves concernant deux des plus importantes réalisations de Barack Obama.

«L'élection de 2008 a envoyé un message selon lequel, après 30 années d'un gouvernement de centre droit, nous étions passés au centre gauche - pas à gauche», a déclaré cet ancien membre de l'administration Clinton au plus fort de la controverse entourant la réforme du système de santé voulue par son nouveau patron.

Au moment de formuler cette critique, William Daley faisait partie de la haute direction de JP Morgan Chase, deuxième en importance parmi les plus grandes banques américaines. De cette position, cet avocat de formation a également exercé de vaines pressions auprès de la Maison-Blanche pour éliminer de la réforme de Wall Street, une disposition chère à Barack Obama.

De toute évidence, le président démocrate n'est pas rancunier. En nommant William Daley au poste de chef de cabinet, il a fourni jeudi une autre illustration de son pragmatisme. Après la raclée essuyée par son parti lors des élections de mi-mandat, il a choisi un poids lourd dont l'expérience et la stature sont susceptibles de rassurer à la fois le monde des affaires, qui s'est souvent plaint de l'attitude de la Maison-Blanche à son égard, et l'opposition républicaine au Congrès. Celle-ci aura, au 1600, Pennsylvania Avenue, un interlocuteur réputé non seulement pour son talent de négociateur, mais également pour son affabilité.

Troupes divisées

«Voilà une nomination de poids», a déclaré Tom Donahue, président de la Chambre de commerce des États-Unis, un des critiques les plus féroces de la Maison-Blanche depuis deux ans.

Les partisans les plus progressistes de Barack Obama ont cependant déjà dénoncé l'arrivée d'un proche de Wall Street qui a joué un rôle de premier plan au sein de l'administration Clinton dans la négociation et le passage de l'Accord de libre-échange nord-américain. Âgé de 62 ans, William Daley a également servi comme secrétaire au Commerce lors du deuxième mandat de Bill Clinton à la Maison-Blanche avant de devenir vice-président d'une société d'investissement et président de la société de télécommunications SBC.

Passé en 2004 à la banque d'affaires JP Morgan Chase, où il touche au moins 5 millions de dollars par année, Daley siège au sein de plusieurs conseils d'administration, dont ceux de l'avionneur Boeing et du géant pharmaceutique Abbot Laboratories.

«C'est une véritable erreur de la part de la Maison-Blanche», a déclaré Adam Green, cofondateur d'un des plus importants groupes progressistes américains. «Bill Daley recommande toujours au Parti démocrate d'adhérer à un programme fait sur mesure pour le monde des affaires qui aliène à la fois les indépendants et démocrates.»

Mais Barack Obama a défendu son choix avec vigueur lors d'une cérémonie à la Maison-Blanche.

«William Daley a une profonde compréhension des mécanismes du marché du travail et des moyens de dynamiser notre économie», a déclaré le président, dont la réélection en 2012 tiendra en grande partie à sa gestion économique au cours des deux prochaines années.

Issu d'une puissante dynastie politique de Chicago, William Daley est le frère cadet de Richard Daley, qui est maire de cette ville depuis 1989, un poste que son père a également occupé de 1955 à 1976. Il succédera à Pete Rouse, qui avait remplacé à titre intérimaire le premier chef de cabinet de Barack Obama, Rahm Emanuel, qui brigue aujourd'hui la mairie de Chicago.

À titre de chef de cabinet, William Daley deviendra le bras droit de Barack Obama et régnera sur l'aile ouest de la Maison-Blanche, où travaillent les principaux collaborateurs du président. Même s'il a vu le jour à Chicago, ville où Obama a longtemps vécu, il n'a jamais noué de liens intimes avec celui-ci.

Le choix de William Daley s'inscrit dans le profond remaniement de l'équipe du président à la Maison-Blanche, qui se poursuivra demain. Gene Sperling, autre ancien membre de l'administration Clinton, devrait notamment être nommé au poste d'économiste en chef de la Maison-Blanche, ancien poste de Lawrence Summers.