Pour l'administration Obama, l'heure des bilans a sonné. Malgré une année difficile, le président américain a réitéré son engagement, hier: les soldats commenceront à quitter l'Afghanistan dès le mois de juillet, et ce, jusqu'au retrait complet du contingent américain, prévu à la fin de 2014.

«Les progrès ont été lents et ont coûté très cher», a admis Barack Obama devant la presse. Accompagné par la secrétaire d'État, Hillary Clinton, et le secrétaire à la Défense, Robert Gates, le président a fait le point sur la stratégie américaine en Afghanistan et au Pakistan.

Adopté il y a un an, le plan annonçait notamment l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires en sol afghan, ce qui devait porter leur nombre à plus de 100 000 - le triple des effectifs en place à l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, en janvier 2009. Le président avait déclaré: «L'objectif principal reste d'affaiblir, de démanteler et de vaincre Al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan.»

La Maison-Blanche, qui a réitéré cet engagement hier, a affirmé que le groupe islamiste avait été affaibli et que des leaders haut placés avaient été tués dans la région. S'il a rappelé la nécessité de contrer les groupes terroristes en Afghanistan et au Pakistan pour prévenir des attaques en sol américain, Barack Obama n'a pas commenté les dernières menaces en date. Le département de la Sécurité intérieure a évoqué cette semaine la possibilité d'un nouvel attentat aux États-Unis ou en Europe durant les Fêtes, selon un bulletin obtenu par l'Associated Press.

«Sur les rails»

Malgré les «gains fragiles», le président a affirmé hier que les États-Unis sont «sur les rails» pour atteindre leurs objectifs en Afghanistan, notamment en ce qui concerne le retrait des troupes.

Aucun chiffre n'a cependant été avancé quant au nombre de soldats qui pourront quitter l'Afghanistan à compter du mois de juillet. Washington est resté vague sur le sujet, soulignant par contre que le retrait se ferait de façon «responsable» pour assurer une bonne transition avec les services de sécurité afghans.

Charles-Philippe David, titulaire de la chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques à l'UQAM, reste sceptique devant cette annonce: «Ça me paraît peu vraisemblable qu'ils diminuent le nombre de soldats alors que les progrès annoncés sont le résultat de l'augmentation du nombre de soldats», souligne le spécialiste des États-Unis.

Une guerre impopulaire

Hillary Clinton a pour sa part nié que le bilan tente de présenter la situation sur le terrain sous un jour indûment favorable.

Deux rapports des services de renseignement américains publiés cette semaine par le New York Times et le Los Angeles Times s'étaient pourtant montrés bien plus pessimistes que le document diffusé hier.

«Je ne pense pas que vous trouviez (des responsables convaincus) d'un scénario idyllique» dans l'administration américaine, a affirmé Mme Clinton, qui a soutenu que ce rapport était «sans concession» et «réaliste».

Le bilan a été présenté alors que l'appui des Américains à cette guerre est au plus bas. Un sondage réalisé pour ABC News/Washington Post publié hier note que 60% des Américains souhaitent l'abandon de la guerre en Afghanistan. «La majorité des Américains ont commencé à comprendre que cette guerre n'est pas gagnable», souligne M. David.

L'année 2010 a été la plus meurtrière pour les troupes américaines depuis le début du conflit, en 2001. Plus de 480 militaires ont été tués au cours de l'année.