Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a dit sa déception vendredi après le rejet par le Sénat d'une motion qui aurait permis d'ouvrir les débats sur l'abolition du tabou gay dans l'armée.

«Je suis déçu par le vote du Sénat mais pas surpris», a déclaré M. Gates à des journalistes l'accompagnant dans un déplacement à Abou Dhabi.

«Il n'en demeure pas moins qu'il reste grosso modo une semaine à la législature sortante et j'espère que le Congrès va abolir le "Don't ask, don't tell"», a-t-il dit, en référence à la loi de 1993 qui oblige les militaires homosexuels à dissimuler leur orientation sexuelle, sous peine d'exclusion («Ne rien demander, ne rien dire»).

M. Gates a réitéré «sa plus grande crainte» que si les efforts du Congrès pour mettre fin au tabou gay devaient échouer, l'armée pourrait faire face à une période d'incertitude et de confusion, alors que la question est pendante devant plusieurs tribunaux.

La loi DADT avait été adoptée en 1993 sous l'administration Clinton. Elle était alors considérée comme un compromis : d'un côté les autorités ne demandaient pas leur orientation sexuelle aux soldats --pour ne pas avoir à exclure les homosexuels, comme l'exige la loi --, de l'autre les gays devaient dissimuler leur homosexualité.

En octobre, un juge fédéral de Californie l'a déclaré anticonstitutionnelle et ordonné qu'elle cesse immédiatement d'être appliquée. Le gouvernement américain est néanmoins parvenu à maintenir le texte en place jusqu'à la fin d'une procédure en appel.

Selon M. Gates, la décision judiciaire d'octobre est un «appel à se réveiller» pour le Pentagone qui risque d'être confronté à un arrêt brutal de l'application de la loi de 1993 sans avoir suffisamment de temps pour s'y préparer en bon ordre.