Les adversaires républicains de Barack Obama en position de force au Congrès après les élections de novembre, menaçaient mercredi de bloquer tout projet qui ne reflèterait pas leurs priorités, comme la ratification du traité START et l'abrogation du tabou gai dans l'armée.

Les 42 sénateurs républicains ont envoyé mardi soir une lettre au leader de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, dans laquelle ils promettent de pratiquer l'obstruction systématique tant que ces questions ne seront pas réglées.

«Bien qu'il y ait d'autres sujets dignes de l'attention du Sénat, nous ne pouvons pas être d'accord pour donner la priorité à autre chose qu'aux questions critiques que sont le financement du gouvernement et des hausses d'impôts destructrices d'emplois», écrivent-ils.

Dans un communiqué, M. Reid a rétorqué: «il n'y a malheureusement rien de nouveau dans cette lettre». «Les républicains n'ont fait que mettre par écrit la stratégie politique qui a été la leur ces deux dernières années: pratiquer l'obstruction et remettre à plus tard des aides cruciales pour les Américains en difficulté», a estimé M. Reid.

Le parti du président Obama contrôle 58 des 100 sièges au Sénat, et aurait besoin de deux voix républicaines pour atteindre la majorité qualifiée et empêcher toute obstruction de la part de ses adversaires.

Or, il reste peu de temps avant la fin de la session parlementaire: en janvier 2011 le nouveau Congrès issu des élections législatives du 2 novembre s'installera, avec une majorité démocrate réduite au Sénat et une Chambre des représentants à majorité républicaine. Après l'arrivée de ce Congrès, le programme législatif de M. Obama semble donc promis à la stagnation.

M. Obama souhaiterait que le Sénat ratifie avant cette échéance le nouveau traité START de désarmement nucléaire qu'il a signé avec le président russe Dmitri Medvedev en avril. Mais pour cela, il a besoin de 67 voix, donc de neuf voix républicaines.

Déterminé à défendre son programme, le président a rencontré mercredi à la Maison-Blanche l'ex-général Colin Powell connu pour son soutien au traité. Il souhaite également que le Sénat vote l'abrogation du tabou gai dans l'armée.

Le nouveau bras de fer entre les deux camps intervient au lendemain d'une rencontre entre les chefs démocrates et républicains à la Maison-Blanche avec le président Obama où chacun a pu mesurer l'étendue des désaccords politiques.

Les deux partis se sont toutefois mis d'accord pour désigner chacun deux élus de chaque chambre pour discuter d'un problème épineux: quelle décision prendre concernant l'expiration des allégements fiscaux de l'ère Bush, qui expirent le 31 décembre.

Les républicains sont avant tout fermement déterminés à réduire les déficits et veulent une prolongation de ces mesures pour tous les Américains quels que soient leur revenus. Les démocrates sont d'accord pour que ces réductions d'impôts soient prolongées pour les classes moyennes, mais pas pour les ménages les plus riches.

Deux élus de chaque parti se sont donc réunis mercredi matin avec le secrétaire au Trésor Timothy Geithner et le directeur du Budget de la Maison-Blanche Jacob Lew, mais aucun résultat concret ne semblait ressortir mercredi après-midi.

«Au bout du compte, je pense que les gens de bonne volonté peuvent se rassembler et reconnaître qu'étant donné la situation économique actuelle (...) nous allons pouvoir régler ce problème», a indiqué mercredi M. Obama qui s'est dit «confiant» sur l'issue du problème.

«Nous sommes au milieu de discussions productives et de négociations», a dit mercredi le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, lors de son point presse.