Face à des républicains peu disposés à abolir la loi interdisant d'être ouvertement homosexuel dans l'armée, la Maison-Blanche et les démocrates du Sénat s'employaient jeudi à activer les soutiens pour un vote de cette mesure avant la fin de l'année.

«Nous devons abroger cette mesure discriminatoire, de façon à ce que les Américains qui le veulent puissent défendre notre pays», a affirmé dans un communiqué Harry Reid, le chef de la majorité démocrate du Sénat.

En septembre, avant les élections législatives, le Sénat avait rejeté l'examen de cette question.

M. Reid a promis de soumettre la proposition d'abrogation au vote des sénateurs avant la fin de 2010, avec la majorité démocrate actuelle, soit 59 sénateurs sur 100. En janvier, les démocrates du Sénat, qui ont perdu six élus aux élections du 2 novembre, ne disposeront plus que de 53 voix. La Chambre des représentants basculera du côté républicain en janvier.

Les débats au Sénat auront lieu après les congés de Thanksgiving (25 novembre).

M. Reid agit ainsi conformément aux demandes du président Barack Obama qui espère une abrogation de la loi au cours de la session du Congrès sortant.

Le président Obama compte sur les résultats d'une étude du Pentagone sur l'impact possible de l'abrogation de la loi, qui devraient être publiés le 1er décembre. Certains élus, surtout républicains, s'étaient prononcés contre toute action législative avant la publication de l'étude.

Mercredi, le président Obama a appelé Carl Levin, président de la commission de la Défense du Sénat, pour lui rappeler son engagement à faire abroger la loi avant la fin de l'année, a indiqué un responsable de la Maison-Blanche.

Cet appel fait suite à d'autres sollicitations de la part de la Maison-Blanche en direction de dizaines de sénateurs des deux bords ces derniers jours, selon la même source.

Le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen est aussi pour l'abrogation.

Jeudi, un groupe de sénateurs démocrates doit donner une conférence de presse au Sénat en faveur de l'abrogation de la loi dite «Don't ask, don't tell» («ne rien demander, ne rien dire»), adoptée en 1993, qui oblige les militaires gais et lesbiennes à taire leur homosexualité sous peine d'exclusion.

Ce nouvel effort pour tenter d'arracher une décision intervient alors que l'opinion publique semble prête à accepter des changements. Selon un sondage de l'Université Quinnipiac, 58% des Américains soutiennent le retrait de la loi, contre 38% seulement qui soutiennent son maintien. L'étude a montré que même les familles de militaires soutenaient l'abolition.

Mais l'agitation politique n'empêche pas les républicains d'exprimer leurs réticences.

Le sénateur John McCain a fait part de ses «préoccupations», indiquant qu'il ne souhaitait pas que le texte de l'abrogation soit compris dans le vaste projet de loi de finance du Pentagone, comme c'est le cas actuellement.

L'affaire fait également l'objet d'une contestation en justice. La semaine dernière, la Cour suprême a décidé de maintenir la loi en vigueur, le temps qu'une juridiction inférieure se prononce sur le dossier.

La plus haute juridiction du pays a rejeté la requête d'un groupe militant pour les droits des homosexuels, le Log Cabin Republicans, qui avait demandé à suspendre l'application de la loi. La loi devrait rester en vigueur au moins jusqu'à la mi-mars, date à laquelle une juridiction inférieure doit statuer.