Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a égratigné mercredi l'Europe au sujet des libertés religieuses, visant sans la nommer l'attitude face au voile et à l'islam en général.

«Plusieurs pays européens ont appliqué des restrictions sévères à l'expression religieuse», a observé la secrétaire d'État à l'occasion de la publication du rapport annuel du département d'État sur la liberté religieuse.

Ce document note une détérioration depuis un an des libertés religieuses en particulier en Afghanistan et en Iran, et met en lumière des évolutions plus contradictoires en Chine et en Indonésie notamment.

La remarque de Mme Clinton sur l'Europe a été étayée ensuite par son adjoint chargé des droits de l'homme, Michael Posner, qui a cité l'interdiction de construire des minarets en Suisse et l'interdiction de la burqa.

«Il y a une sensibilité et une tension croissantes en Europe», a-t-il estimé, avant d'inviter les gouvernements européens à «prendre des mesures pour apaiser cette tension».

La question des libertés religieuses suscite régulièrement des incompréhensions entre les deux côtés de l'Atlantique.

«Aux États-Unis», a souligné M. Posner, «on défend devant les tribunaux le droit des musulmanes à porter une burqa dans la rue, à l'école, etc. C'est notre position».

Les électeurs suisses ont approuvé il y a un an une réforme interdisant la construction de nouveaux minarets. La France a banni en septembre le port du voile islamique intégral, et les Pays-Bas envisagent de lui emboîter le pas.

Mme Clinton a défini mercredi la liberté religieuse comme la faculté de pratiquer librement sa foi et d'élever ses enfants dans celle-ci, de publier des documents religieux sans censure, de changer de religion ou de n'en pratiquer aucune.

Elle a aussi rappelé l'opposition des États-Unis, au nom de la liberté d'expression, à toute législation condamnant la diffamation des religions.

Le rapport du département d'État montre que les minorités non-musulmanes d'Afghanistan subissent toujours autant de «harcèlement, violence occasionnelle, et discrimination» dans cette société en guerre.

En Iran, c'est le gouvernement qui impose de plus en plus «une atmosphère menaçante» aux minorités religieuses.

En Chine, la «hausse de la pratique des religions chinoises traditionnelles» telles que le bouddhisme côtoie la répression visant la minorité musulmane ouïgoure.

En Indonésie, le pluralisme a été mis à mal par les attaques d'extrémistes contre des églises chrétiennes, sans que la plupart des auteurs ne soient traduits en justice. Mais le gouvernement a aussi accompli des efforts pour développer le dialogue entre religions.

Les États-Unis ont publié en 2009 une liste noire des libertés religieuses comprenant l'Arabie Saoudite, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, l'Érythrée, l'Iran, le Soudan et l'Ouzbékistan. Elle doit être révisée dans quelques mois.