Le triomphe des républicains aux récentes élections de mi-mandat aux États-Unis a laissé le parti devant un dilemme ironique: la femme qui a joué un rôle si important dans la mobilisation de la base conservatrice est aussi la femme que le parti craint le plus.

Sarah Palin, adorée ou abhorrée selon les allégeances politiques, est considérée comme l'une des plus grandes gagnantes des élections de mi-mandat de la semaine dernière.

L'ancienne gouverneure de l'Alaska a soutenu quelque 60 candidats du Tea Party, dont environ la moitié ont été élus. Elle a aussi ciblé 20 élus démocrates qui pouvaient facilement être défaits, et 18 d'entre eux ont perdu.

Mais dans les couloirs du Congrès à Washington, l'élite républicaine s'est lancée dans des efforts déterminés pour trouver une candidat qui pourrait facilement battre Sarah Palin pour la candidature républicaine à la présidence en 2012. La stratégie «blâmons Sarah Palin» est sortie de l'ombre au cours des derniers jours.

Spencer Bachus, un représentant républicain de l'Alabama, a accusé Sarah Palin et le mouvement Tea Party d'être responsables de l'incapacité des républicains à prendre le contrôle du Sénat en plus de celui de la Chambre des représentants.

«Le Sénat serait républicain aujourd'hui excepté dans les États (dans lesquels Mme Palin a endossé des candidats) comme Christine O'Donnell au Delaware», a déclaré M. Bachus à un journal de l'Alabama. «Sarah Palin nous a coûté le contrôle du Sénat.»

Alors que les candidats du Tea Party ont eu de bons résultats dans la course à la Chambre des représentants, a ajouté M. Bachus, «ils n'ont vraiment pas bien réussi du tout» dans leur tentatives de gagner des sièges au Sénat.

L'icône conservatrice Rush Limbaugh, l'animateur de radio qui exerce une influence immense sur le parti, s'est moqué de ces attaques anti-Sarah Palin au cours des derniers jours.

«Ce qui se passe ici, mesdames et messieurs, est très simple», a dit M. Limbaugh, grand promoteur de Sarah Palin.

«Ils veulent établir très fermement dans l'esprit du public un mensonge voulant que le Tea Party a nui au Parti républicain dans ces élections. Ils veulent utiliser ça pour freiner Sarah Palin. L'élite républicaine tente maintenant de trouver comment arrêter Sarah Palin.»

Les républicains craignent que si Sarah Palin devient la candidate républicaine à la présidence en 2012, le président Barack Obama l'emportera facilement. Même George W. Bush, l'ancien président républicain largement décrié, aurait déclaré à des associés que Sarah Palin n'est «pas qualifiée» pour être commandante en chef. Karl Rove, le stratège de M. Bush, a estimé que Mme Palin manquait d'«envergure» pour le poste.

Un récent sondage ABC News-Washington Post a montré que seulement 27 pour cent des électeurs inscrits croient que Sarah Palin est qualifiée pour être présidente. Même ceux qui s'identifient comme des républicains de longue date sont inquiets à son sujet.

«Je crois qu'elle est une très bonne femme, mais je ne pense pas que nous soyons prêts pour elle», a affirmé Daniel Phillips, une homme d'affaires républicain de la Caroline du Nord âgé de 48 ans.

M. Phillips a affirmé qu'il avait perdu de l'estime pour Mme Palin quand elle a démissionné de son poste de gouverneure de l'Alaska l'année dernière, avant d'avoir terminé son mandat.

«Quand elle a fait ça, je crois qu'elle s'est nui. Je crois qu'elle est une bonne meneuse de claque pour le parti conservateur et le mouvement Tea Party, mais de là à être une candidate présidentielle sérieuse, non. Je ne la vois tout simplement pas.»

Néanmoins, 55 pour cent des républicains conservateurs croient qu'elle est qualifiée pour la présidence, suggère le même sondage. Chez les partisans du Tea Party, ils sont 73 pour cent à penser que Sarah Palin a ce qu'il faut pour être présidente.