La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a condamné vendredi «en termes très clairs» la fuite de tout document pouvant mettre en danger la vie d'Américains, au moment où la chaîne Al-Jazira rendait compte de révélations du site internet WikiLeaks sur l'Irak.

Mme Clinton a refusé d'entrer dans les détails concernant ces révélations annoncées par la chaîne satellitaire du Qatar, selon lesquelles l'armée américaine a «couvert» la torture de détenus par l'État irakien et tué des centaines de civils aux barrages tenus par ses soldats.

«Mais j'ai la ferme conviction que nous devons condamner en termes très clairs la diffusion de toute information, que ce soit par des individus ou des organisations, faisant peser un risque sur la vie des soldats et des civils des États-Unis et de leurs alliés», a-t-elle dit à la presse.

S'exprimant lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre pakistanais des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi, Mme Clinton a déclaré qu'elle s'opposait à toute diffusion «menaçant notre sécurité et la sécurité nationale de ceux avec qui nous travaillons».

Vendredi matin, le Pentagone avait déjà reconnu que les documents militaires que WikiLeaks risquait de diffuser pourraient «menacer les troupes ou les Irakiens qui coopèrent avec les Américains», tout en minimisant la portée des révélations attendues.

Le porte-parole du Pentagone Dave Lapan a déclaré à la presse que son ministère avait identifié les 400 000 documents secrets sur la guerre en Irak que WikiLeaks pourrait diffuser.

Il a précisé que ces documents étaient «des renseignements bruts fournis par des unités militaires» et ne comportaient pas «d'analyse stratégique ni de renseignements de haut niveau».

Ils portent sur le traitement de détenus, sur des conversations entre des responsables américains et des personnalités politiques irakiennes, sur des explosions de mines artisanales et des opérations «de niveau tactique», a précisé le porte-parole.

Al-Jazira cite les «principales conclusions» des documents secrets américains obtenus par WikiLeaks, couvrant la période allant du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2009 en Irak, après l'invasion américaine de mars 2003 qui a renversé le régime de Saddam Hussein.

Elle parle, en citant ces documents, du nombre «beaucoup plus élevé qu'officiellement annoncé» des victimes civiles durant le conflit et de l'implication présumée du voisin iranien dans le financement des milices chiites.

Quelques heures plus tôt, WikiLeaks avait promis «une annonce importante» pour samedi matin, sans préciser laquelle, même si la presse lui avait prêté l'intention de publier des milliers de documents secrets sur la guerre en Irak.