Les autorités américaines ont fait savoir  au Pakistan peu après l'attentat manqué de Times Square qu'une riposte serait inévitable en cas d'attentat terroriste émanant de ce pays, rapporte le journaliste vedette Bob Woodward dans un livre paru lundi aux États-Unis.

Le journaliste se fonde sur un entretien entre le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, le général James Jones, et le président pakistanais Asif Ali Zardari, après l'attentat manqué de Times square, au cours duquel un Américain d'origine pakistanaise, Faisal Shahzad, a tenté de faire exploser une voiture piégée sur la célèbre place new-yorkaise le 1er mai.

Selon Bob Woodward, le général aurait signifié lors de cette rencontre, qui a eu lieu le 19 mai dans le pays allié majeur des États-Unis dans la guerre contre le terrorisme, que si l'attentat avait réussi, la conversation en question n'aurait certainement jamais eu lieu.

«Le président veut que tout le monde comprenne au Pakistan que si un attentat lié à un groupe pakistanais réussit, il y a des choses que même lui ne pourra pas empêcher», aurait indiqué le général américain aux autorités pakistanaises, rapporte M. Woodward dans son livre «Obama's wars» (les guerres d'Obama).

«Personne ne pourra empêcher la riposte et les conséquences. Ce n'est pas une menace, juste un état de fait», aurait ajouté le général Jones.

Selon M. Woodward, le général s'est abstenu lors de la conversation de signaler au président pakistanais que la réponse américaine prévoyait une possible campagne de bombardements massive visant jusqu'à 150 refuges terroristes.

Le déplacement du général Jones, avec le chef de la CIA Leon Panetta et le conseiller spécial de la Maison-Blanche pour l'Afghanistan et le Pakistan Douglas Lute, avait été présenté officiellement à l'époque comme visant à informer les autorités pakistanaises de l'état d'avancement de l'enquête.

Le chef de la CIA aurait ajouté de son côté que l'auteur de l'attentat de Times Square avait manqué d'entraînement, mais aurait pu tuer «des centaines, voire des milliers d'Américains».

«Si cela se produit, tout sera remis en question», aurait-il affirmé.

Les autorités américaines pensent que Faisal Shahzad a bénéficié de soutiens au Pakistan. L'attentat manqué a été revendiqué par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), principal mouvement des talibans du nord-ouest, allié à Al-Qaïda.

Islamabad a reconnu en juillet que Faisal Shahzad était venu plusieurs fois au Pakistan et avait rencontré Hakimullah Mehsud, le chef des talibans pakistanais.

Selon M. Woodward, les États-Unis ont signifié au président Zardari qu'ils ne pouvaient plus accepter l'approche «à la carte» du Pakistan, ciblant certains groupes terroristes et en laissant d'autres agir à leur guise.

Dans son livre, M. Woodward évoque également l'organisation d'un exercice nucléaire le 18 mai pour analyser la réponse à une attaque de ce type.

Le scénario se fondait sur l'explosion d'une bombe nucléaire à Indianapolis (Indiana, nord) faisant des milliers de morts, avec des matériaux provenant d'un pays ressemblant fort au Pakistan, rapporte le journaliste.

Le président américain Barack Obama aurait lui-même participé à la simulation, via une liaison vidéo, posant une série de questions: «Comment est-ce arrivé? Qui est derrière? Était-ce un acte soutenu par un État? Comment pouvons-nous répliquer?», dit le journaliste.