La pop star américaine Lady Gaga a appelé lundi ses fans à manifester contre la loi qui impose aux soldats américains homosexuels de cacher leur orientation, à la veille d'un premier vote crucial au Sénat sur cette loi dont Barack Obama a promis l'abrogation.

La chanteuse de 24 ans est arrivée à 17h00 au parc Deering Oak à Portland, où quelque 5000 personnes s'étaient rassemblées sous un soleil printanier.

«Aidez-moi à réformer (la loi) «Don't ask don't tell» (ne rien demander, ne rien dire)», avait lancé plus tôt dans la journée Lady Gaga sur son compte Twitter et sa page Facebook.

La chanteuse se targue d'avoir six millions de personnes qui suivent son compte Twitter et 18 millions d'amis qui suivent sa croisade contre le tabou sexuel dans l'armée sur Facebook.

Le rassemblement se tenait dans un Etat dont les deux sénatrices républicaines pourraient pencher vers le camp démocrate sur cette question.

«Le vrai problème c'est le soldat hétérosexuel qui hait le soldat gai», a dit la chanteuse, qui a parlé une vingtaine de minutes. «Il faut renvoyer les homophobes chez eux!», a-t-elle lancé, reprise par la foule qui scandait «chez eux, chez eux!».

«Je n'écoute pas beaucoup sa musique, mais je suis ici pour la soutenir, les gays méritent un traitement équitable», estime William Vile, étudiant à l'Université Southern Maine toute proche.

«Libre d'être moi-même», pouvait-on lire sur une pancarte, tandis qu'une autre proclamait «Tout le monde a le droit de servir dans l'armée».

«Je suis ici pour trois raisons: pour la question politique, pour la voir, et parce qu'il fait beau. Mais je ne connais pas sa musique», renchérit Jim Burke, professeur de droit à l'Université du Maine.

La nouvelle reine de la pop, classée parmi les 100 personnes les plus influentes de l'année par Time magazine, avait déjà inondé vendredi le Sénat américain de messages en faveur de la levée du tabou homosexuel dans l'armée.

Le Sénat s'apprête à examiner mardi un projet de loi de finance de la Défense dans lequel figure un amendement visant à mettre fin à la loi «Don't ask, don't tell».

Si 60 sénateurs sur 100 votent «oui», une première étape vers l'abrogation de la loi sera franchie. Parmi les plus farouches opposants à sa disparition figure l'ancien candidat républicain à la présidentielle de 2008, John McCain. «J'encourage le débat et la discussion», a affirmé lundi M. McCain, interrogé par la presse, avant d'ajouter en parlant de la pop star: «Je suis heureux qu'elle s'implique».

Interrogé lundi sur cette manifestation, le Pentagone s'est refusé à tout commentaire.

L'artiste avait diffusé vendredi dernier un message vidéo de plus de sept minutes adressé aux sénateurs.

«Je suis là pour représenter une voix pour ma génération, pas la génération des sénateurs qui votent mais pour les jeunes de ce pays. La génération touchée par cette loi», dit la chanteuse dans cette vidéo sur fond de bannière étoilée, diffusée sur YouTube.

Lady Gaga a même conduit l'austère chef de la majorité démocrate Harry Reid a lui renvoyer le jour même via Twitter un message dans lequel il lui assure qu'un vote aura lieu au Sénat sur cette question et que «chaque personne qualifiée va être autorisée à servir ce pays».

«Cela aura un impact», a assuré Aubrey Sarvis, le directeur de l'organisation Servicemembers Legal Defense Network, qui soutient l'abrogation de la loi, en évoquant l'intense croisade médiatique de la chanteuse.

Depuis son adoption en 1993, la loi impose aux militaires homosexuels de ne pas dévoiler leur orientation sexuelle, sous peine d'être exclus de l'armée.

Près de 14 000 soldats ont ainsi été renvoyés de l'armée, selon les associations de défense des droits civiques.