Un petit groupe intégriste chrétien de Floride a réaffirmé mercredi son intention de brûler quelque 200 exemplaires du Coran malgré les mises en garde venues du monde entier.

Le pasteur Terry Jones du «Dove World Outreach Center» («Centre colombe pour aider le monde») qui est à l'origine du projet polémique a indiqué mercredi qu'il ne reculerait pas: «Au moment où je vous parle, nous n'avons aucune intention d'annuler», a-t-il déclaré à la presse.

«Le temps est venu pour nous de nous tenir debout pour combattre le terrorisme», a ajouté ce pasteur aux cheveux blancs arborant des bacchantes et auteur d'un livre intitulé «L'islam est diabolique».

Les exemplaires du Coran doivent être brûlés le 11 septembre, jour anniversaire des attentats de 2001, vers 18h00 à Gainesville, petite ville du nord de la Floride.

Mercredi matin, les autorités de Gainesville se sont réunies pour étudier leur réponse à la manifestation. Un porte-parole de la municipalité, Bob Woods, a indiqué à l'AFP qu'en brûlant le Coran, les responsables de la communauté religieuse violeraient l'article municipal 10-63 qui interdit les feux en plein air et risqueraient ainsi une amende de 250 dollars.

Il a également indiqué que des arrestations pourraient survenir.

«Cela dépendra de ce qui se passera après l'intervention des pompiers et de la police de Gainesville pour éteindre le feu», a-t-il expliqué.

L'initiative du petit groupe américain, qui réunit une cinquantaine de membres, est censée glorifier le souvenir des victimes des attentats du 11-Septembre. Elle survient à un moment particulièrement sensible aux Etats-Unis, les autorités craignant une montée du sentiment anti-musulman.

Le projet d'installation d'un centre musulman près de Ground zero à New York suscite notamment de vives réactions. Des sondages montrent que de plus en plus d'Américains pensent que le président Barack Obama est musulman alors qu'il affiche régulièrement sa foi chrétienne.

«On assiste à une puissante vague de rhétorique anti-musulmans dans notre société, qui a conduit à un grand nombre d'incidents racistes visant des mosquées et des musulmans à travers le pays», explique Ibrahim Hooper, expert du centre de réflexion «Council on American-Islamic Relations».

Par ailleurs, comme partout dans le monde, les musulmans vont célébrer autour du 10 septembre la fin du ramadan.

Fondé en 1986 à Gainesville, le «Dove World Outreach Center» suit une ligne intégriste, dénonçant l'avortement et l'homosexualité et accusant l'islam de vouloir dominer le monde.

En réaction, les autorités américaines ont dit craindre pour la vie de leurs soldats en Afghanistan. Le département d'Etat a souligné l'isolement du «très petit groupe» à l'origine du projet.

L'égérie du mouvement ultra-conservateur et très religieux Tea Party, Sarah Palin, ancienne candidate républicaine à la vice-présidence américaine, a condamné une «provocation inutile».

Le Vatican a pour sa part dénoncé «un geste de grave offense envers un livre considéré comme sacré par une communauté religieuse».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé qu'un tel acte ne pouvait être soutenu «par aucune religion».

Le projet a également suscité de vives réactions au Moyen-Orient. L'Iran a assuré que sa réalisation provoquerait des réactions «incontrôlables».

L'institution sunnite d'Al-Azhar au Caire, traditionnellement modérée, a estimé de son côté que «si le gouvernement (américain) ne parvient pas à l'arrêter (...) cela ruinera les relations de l'Amérique avec le monde musulman» et «constituera une opportunité pour le terrorisme».

En Indonésie, pays musulman le plus peuplé du monde, la minorité chrétienne a dit craindre des «tensions».