Des milliers de membres des «Tea Party», groupes ultra-conservateurs aux accents populistes, doivent converger samedi au Lincoln Memorial de Washington, quarante-sept ans jour pour jour après que Martin Luther King y a prononcé son célèbre discours «Je fais un rêve».

Avant même d'avoir commencé, le rassemblement de ce mouvement en majorité blanc et chrétien qui a le vent en poupe aux États-Unis a créé la polémique, son organisateur et des commentateurs progressistes se renvoyant la balle depuis quelques semaines par blogs interposés.

Glenn Beck, un animateur de radio et de talk shows sur la chaîne conservatrice Fox News, ancien alcoolique qui affirme s'en être tiré en se convertissant à la religion mormone, assure que la correspondance des deux dates est une coïncidence.

«Ce n'était pas mon intention de choisir le 28 août en lien avec Martin Luther King, c'est le jour où il a fait son discours, je n'en avais aucune idée jusqu'à ce que j'annonce la date» de l'événement, a écrit l'organisateur sur son blog.

«Les Blancs ne sont pas propriétaires de la mémoire d'Abraham Lincoln, les Noirs ne sont pas propriétaires de la mémoire de Martin Luther King», a-t-il ajouté, qualifiant la coïncidence de «Divine providence».

Les journaux et blogs de gauche n'ont pas manqué de critiquer ce choix. Parodiant le titre de la manifestation «Restaurer l'honneur», le blog Huffington Post a ainsi titré un de ses papiers «Déshonorer l'héritage de Martin Luther King».

Officiellement, la manifestation au cours de laquelle l'ancienne candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin doit prendre la parole, n'est «pas politique».

Elle a pour but de «révéler» les contours du programme de M. Beck et de fêter «la naissance d'un nouveau mouvement national pour restaurer la grandeur de notre pays».

Partisans du libéralisme économique, les membres de Tea Party sont sans pitié pour les déficits du gouvernement fédéral creusés selon eux pour faire face à la crise économique, sauver les banques, et financer la réforme de l'assurance maladie de Barack Obama.

Lancé en 2009 après l'élection du premier Noir président américain, le mouvement des Tea Party s'inspire des révoltés de 1773 mécontents des impôts de l'Empire britannique sur le thé.

Mais les critiques ne sont pas venues seulement des sphères politisées de Washington: plusieurs guides touristiques se sont offusqués des conseils donnés aux manifestants venus de tout le pays pour passer le week-end dans la capitale fédérale.

«La population de Washington comprend des immigrés de tous les pays, puisque les personnels d'ambassade des pays du tiers monde ont tendance à s'installer à Washington dès qu'une révolution dans leur pays signifie qu'ils n'y sont plus en sécurité», écrit un membre des Tea Party du Maine sur un blog.

Et de délivrer une carte du Washington sûr qui a fait un tabac sur l'internet ces dernières semaines: «ne prenez pas les lignes jaune et verte. Et cette règle s'applique d'autant plus la nuit», «restez entre la 14e et 16e rue (...) ou «restez sur le Mall où se trouve la plupart des monuments».

Il fournit également les adresses des principaux leaders démocrates du Congrès, suivies de la mention «sentez-vous libres d'aller y manifester».

Ironique, le Washington city Paper rappelle que s'ils restent dans ces balises, les manifestants des Tea Party ne pourront pas se rendre aux Archives nationales, où se trouve la seule copie de la Constitution visible aux États-Unis, ni à la maison d'Abraham Lincoln, «dangereusement située au nord-est», ni encore rue de l'Alaska, «du nom de l'héroïne des Tea Party (Sarah Palin), au nord-est de la 16e rue».