Partisans et opposants au projet de construction d'une mosquée près du site des attentats du 11 septembre 2001, un sujet devenu hautement politique aux Etats-Unis, ont manifesté pacifiquement dimanche à New York sans drainer de foules dans un camp ni dans l'autre.

Ce plan d'installation d'un centre culturel musulman --avec une mosquée-- sur un terrain privé, à deux pas du lieu symbole du terrorisme islamique aux Etats-Unis, est devenu ces dernières semaines un brûlot.

Le maire de New York Michael Bloomberg y est favorable, le conseil municipal a approuvé le projet, et le président Barack Obama a invoqué pour le soutenir la liberté de culte garantie par la Constitution. Mais 61% de la population désapprouvent, et l'opposition s'est engouffrée dans la brèche.

Les deux petites manifestations de dimanche n'ont pas vraiment répondu aux attentes des organisateurs. A part quelques joutes oratoires, elles se sont déroulées sans incident.

Sous une pluie fine, et sous l'oeil de caméras et photographes du monde entier, les militants de l'un et l'autre camp ont commencé à converger au sud de Manhattan en milieu de matinée.

Les opposants se sont installés au coin des avenues West Broadway et Park Place -- à deux pâtés de maisons de «Ground Zero» -- là où pourrait s'ériger le centre islamique controversé. Les partisans du projet se sont eux rassemblés 100 mètres plus au nord.

«N'oubliez jamais le 11-Septembre, et ne permettez pas à l'Islam de marquer d'une mosquée sa victoire», clamait une banderole brandie par un opposant,  tandis qu'une cinquantaine de motards en gilets de cuir portant l'emblême des pompiers de New York arrivaient en pétaradant.

Les secouristes avaient payé un lourd tribut lors des attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles du World Trade Center. En tout, quelque personnes avaient perdu 3000 la vie.

«Je suis New-Yorkais, et j'ai perdu un neveu ce jour-là, c'est pour cela que je suis ici», dit, les larmes aux yeux, Joe O'Shay, dont le T-shirt dénonce le projet de mosquée.

Beaucoup de manifestants brandissaient des drapeaux américains et les haut-parleurs diffusaient «Born in the USA» de Bruce Springsteen. Des écriteaux portant l'inscription «Sharia» (loi islamique) en lettres rouges dégoulinantes étaient distribués à la petite foule.

«Vous pourrez construire votre mosquée à "Ground Zero" (appellation courante du site des attentats) lorsque nous pourrons construire une synagogue à La Mecque», proclamait une autre pancarte.

Deux rues plus haut, un nombre presque égal de manifestants prônaient la tolérance, leurs pancartes appelant à accueillir les immigrants de toutes les religions. «A bas la bigoterie!» «A bas le racisme!» pouvait-on notamment lire sur leurs banderoles.

«Les racistes explicites, mais les politiciens aussi, ont tissé une telle hystérie autour de cette affaire», déclare Andy Pollack, 53 ans et militant pro-palestinien. «Je pensais que beaucoup plus de monde viendrait aujourd'hui dans l'autre camp, celui des opposants. Le racisme anti-asiatique durant la guerre du Vietnam était beaucoup plus virulent», conclut-il.