L'ancien général de l'armée de l'air James Clapper a été confirmé jeudi par le Sénat à la tête de la direction du renseignement américain (DNI), avec la difficile tâche de tenter de redonner du crédit à cette jeune institution dans la tourmente.

Les sénateurs ont approuvé cette nomination en utilisant une procédure simplifiée, dite de «consentement unanime».

Malgré certaines inquiétudes de la part d'élus républicains sur les capacités de M. Clapper à imposer son autorité à la communauté du renseignement, ce dernier n'a pas rencontré d'opposition sérieuse au Sénat.

La commission du Renseignement du Sénat avait approuvé sa nomination le 29 juillet à l'unanimité, soit 15 voix contre zéro.

M. Clapper, sous-secrétaire à la Défense pour le renseignement, a été désigné par le président Barack Obama après la démission forcée le 20 mai de Dennis Blair, qui n'a occupé ce poste que 16 mois.

C'est la quatrième fois en cinq ans que la Direction nationale du renseignement (DNI) change de mains. La DNI, créée en 2004 à la suite du fiasco des armes de destruction massive en Irak, peine à imprimer sa marque sur le renseignement américain, historiquement dominé par la CIA.

Les dossiers terroristes, tels que l'attentat manqué de Noël 2009 à bord d'un avion de ligne américain ou bien la tentative d'attentat à Time Square le 1er mai, ont encore augmenté la confusion dans les services de renseignement, très critiqués pour leur manque de perspicacité.

Lors de son audition devant la commission le 20 juillet dernier, M. Clapper avait assuré qu'il voulait affirmer son pouvoir sur la DNI.

«Je ne voudrais pas accepter ce poste si je devais faire de la figuration», avait assuré M. Clapper devant les élus.

Le secrétaire à la Défense Robert Gates, lui-même ancien directeur de la CIA, a défendu le choix du président. Mais certains élus craignaient que M. Clapper manque d'indépendance par rapport au Pentagone où il a effectué une grande partie de sa carrière.

La grande expérience du candidat en matière de renseignement semble avoir convaincu les indécis. M. Clapper a notamment dirigé à partir de septembre 2001 l'Agence de renseignement géospatiale (NGA) qui fournit des données sous forme de cartes et d'images à l'armée américaine.

Surnommé «le parrain du renseignement humain», il est connu pour privilégier un renseignement qui repose sur une palette de moyens allant de la diplomatie à l'espionnage par satellite ou l'interception de communications.

A la tête d'un réseau tentaculaire de 16 administrations employant quelque 200 000 personnes, la DNI n'a paradoxalement jamais bénéficié d'une autorité directe sur les membres et le budget des différents services.

La nomination de M. Clapper intervient peu après la publication dans le Washington Post d'une série d'articles très critiques sur les services de sécurité américains mis en place après le 1 Septembre.

La vaste enquête du quotidien conclut notamment que ces services sont devenus si tentaculaires, secrets et inextricables qu'il est impossible d'en connaître avec précision l'efficacité.