La légalité du mariage gai en Californie, réaffirmée mercredi par la justice fédérale à San Francisco, sera contestée en appel par ses opposants, nouvelle bataille dans une affaire qui devrait durer encore plusieurs années et finir devant la Cour suprême des États-Unis.

Les défenseurs de la Proposition 8, qui stipule que le mariage ne peut être reconnu en Californie qu'entre un homme et une femme, ont fait appel de la décision du juge Vaughn Walker moins de 24 heures après sa publication.

Dans sa décision, le juge estimait que la Proposition 8 ne permettait pas d'«établir une quelconque base rationnelle à l'interdiction du mariage pour les gais et les lesbiennes» et la considérait par conséquent «anticonstitutionnelle».

Ce jugement décisif pour les défenseurs du mariage homosexuel n'était que le dernier rebondissement d'une affaire qui dure depuis de longues années.

Rendu impossible en 2000 par référendum, le mariage gai avait finalement été autorisé en mai 2008 par la Cour suprême de l'État -- au motif, déjà, de l'illégalité de son interdiction --, entraînant quelque 18 000 unions gaies, avant d'être invalidé quelques mois plus tard par la Proposition 8.

La Cour suprême de Californie avait confirmé en mai 2009 la légalité de la «Prop 8», tout en maintenant la validité des mariages déjà célébrés.

Les défenseurs des unions gaies se sont ensuite tournés vers la justice fédérale, en s'offrant les services de deux stars du barreau: Theodore Olson et David Boies, qui faisaient équipe après s'être opposés dans le procès entre Bush et Gore sur le résultat de l'élection présidentielle américaine en 2000.

C'est ce procès qui a abouti à la décision de mercredi, qui fait aujourd'hui l'objet d'un appel devant la cour d'appel du 9e circuit, à San Francisco.

Si les défenseurs du mariage gai ont célébré mercredi soir ce jugement décisif, le chemin n'en reste pas moins long jusqu'à une décision définitive -- pour les «pro» mariage gai comme pour les «anti».

L'appel devant le 9e circuit sera d'abord examiné par un panel de trois juges. «A mon avis les plaidoiries n'auront pas lieu avant la fin de l'automne, et ensuite, il faudra attendre plusieurs mois la décision -- au printemps ou à l'été 2011, peut-être même plus tard», déclare à l'AFP Richard Nagareda, professeur de droit à l'Université de Vanderbilt (Nashville, Tennessee).

Après la décision, la partie «perdante» pourra demander un nouvel examen de la cour d'appel «en banc», c'est-à-dire par un groupe de onze juges. Si la cour accepte de procéder à un tel examen, l'appel reprendra de zéro, avec de nouvelles plaidoiries, et plusieurs mois d'attente avant une décision.

«Cependant, comme beaucoup de monde pense que l'affaire finira de toute façon devant la Cour suprême des États-Unis, le 9e circuit pourrait refuser l'examen en banc et laisser le "perdant" aller directement devant la plus haute juridiction américaine», estime M. Nagareda.

Techniquement, la Cour suprême n'est pas tenue d'examiner l'affaire «mais vu l'importance du sujet, je doute fort qu'elle la repousse», dit M. Nagareda. «S'il n'y a pas d'examen en banc au 9e circuit, l'affaire pourrait arriver au plus tôt devant la Cour suprême pour sa session d'octobre 2011, avec une décision pour la mi-2012», conclut-il.

La décision de la Cour suprême scellera le sort des unions homosexuelles sur l'ensemble du territoire américain, sans possibilité de recours. Un pari risqué pour les deux parties.

A l'heure actuelle, seuls les États du Connecticut, de l'Iowa, du Massachusetts, du New Hampshire et du Vermont, ainsi que la capitale fédérale Washington, reconnaissent le mariage gai.