La confirmation d'Elena Kagan à la Cour suprême des Etats-Unis consacre la carrière météorique d'une juriste brillante et progressiste davantage habituée des amphis que des salles d'audience et capable de souplesse avec ses collègues conservateurs.

Désignée en mai par le président Barack Obama, Elena Kagan, 50 ans, devient la benjamine de l'institution après sa confirmation jeudi par le Sénat.

Progressiste, comme son prédécesseur John Paul Stevens, avec une certaine dose de pragmatisme, Mme Kagan semble un choix idéal pour la fonction, selon ses partisans.

«Tout au long de sa carrière, elle a constamment démontré des qualités intellectuelles de premier plan, une façon intensément pragmatique d'identifier et de résoudre les problèmes, deux caractéristiques indispensables pour faire un grand juge, et elle sera un grand juge», a déclaré mercredi devant le Sénat le démocrate Ted Kaufman.

Outre ses capacités intellectuelles, saluées de façon unanime, y compris côté républicain, Mme Kagan a fait preuve au cours des auditions au Sénat ces dernières semaines d'un certain esprit qui semble lui avoir réussi puisque plusieurs républicains l'ont assurée de leur soutien.

Au sénateur républicain Lindsey Graham qui lui demandait ce qu'elle avait fait le soir de Noël, Mme Kagan a répondu: «comme tous les Juifs, j'étais probablement dans un restaurant chinois».

Née à New York, Elena Kagan grandit à Manhattan avant de suivre des études supérieures à Princeton dont elle sort diplômée en 1981. Elle rejoint les rangs de la faculté de droit de Harvard, la plus prestigieuse des Etats-Unis, dont elle sort brillamment en 1986, deux ans avant que Barack Obama n'y entre.

Sa carrière ne prend le chemin des prétoires que brièvement, lorsqu'elle fait ses armes comme assistante d'un juge de la cour d'appel de Washington puis de Thurgood Marshall, le premier juge noir nommé à la Cour suprême.

Elle participe en 1988 à la campagne présidentielle du démocrate Michael Dukakis qui perd face à George Bush père, puis devient avocate dans le privé.

Mme Kagan est professeur de droit à Chicago lorsque Bill Clinton lui demande de le rejoindre à la Maison Blanche comme conseillère-adjointe aux affaires intérieures, en 1995. C'est à cette époque que la jeune juriste fait la connaissance de la plupart de ceux qui conseillent aujourd'hui Barack Obama en matière judiciaire.

En 1999, le Sénat a majorité républicaine rejette sa candidature comme juge de la cour d'appel de Washington. Elle devient ensuite professeur à Harvard puis doyenne, en 2003. «Elle est arrivée et a vraiment transformé l'université», assure Sean Wilentz, son directeur de thèse.

En plus de parvenir à rallier conservateurs et progressistes dans un «esprit de corps» selon ceux qui l'ont connue sur le campus de Cambridge, elle a instauré le café gratuit pour les étudiants et un terrain de beach-volley transformé l'hiver en patinoire.

Mais la candidate n'a pas échappé aux critiques parfois virulente des élus républicains. Ces derniers lui ont notamment reproché de s'être opposée à l'entrée de militaires dans Harvard lors d'une campagne de recrutement, pour protester contre l'interdiction faite aux homosexuels de servir ouvertement dans l'armée.

«Je respecte l'armée», avait-elle affirmé dans une audition le 29 juin, où elle s'était également prononcée contre le tabou homosexuel dans l'armée.