L'Arizona devrait faire appel du jugement qui a suspendu les principales dispositions de sa loi contre l'immigration clandestine à la veille de son entrée en vigueur jeudi. La querelle entre cet État régional du sud-ouest des Etats-Unis et le gouvernement fédéral pourrait aller jusqu'à la Cour suprême fédérale.

Un porte-parole du gouverneur Jan Brewer, Paul Senseman, a précisé que l'Arizona comptait demander jeudi à la cour d'appel de San Francisco de lever l'injonction préliminaire de la juge fédérale de Phoenix Susan Bolton et de rendre rapidement son avis.

La magistrate a estimé que le gouvernement avait de bonnes chances de l'emporter en faisant valoir la primauté de la législation fédérale sur celle des États régionaux en matière d'immigration, mais le député républicain de l'Arizona Russell Pearce, principal partisan de la loi anti-immigration clandestine, restait confiant quant à la victoire finale de l'Arizona.

La juge Bolton, saisie de sept plaintes, a suspendu les dispositions les plus controversées de la loi, dont l'obligation pour les policiers de vérifier la situation des immigrés en même temps qu'ils font respecter d'autres lois, et celle, pour les immigrés, de porter en permanence leurs papiers d'identité. Elle a aussi suspendu la clause interdisant aux clandestins de demander un emploi dans les lieux publics, destinée à mettre fin aux rassemblements de journaliers sur les parkings de l'Arizona, et une autre autorisant la police à arrêter sans mandat des clandestins présumés.

L'adoption par cet État frontalier du Mexique d'une loi contre l'immigration clandestine a soulevé un débat national aux États-Unis, à l'approche des élections de mi-mandat au Congrès en novembre.

Des manifestations contre la loi de l'Arizona étaient prévues jeudi, notamment à l'appel de l'Organisation nationale des travailleurs journaliers (National Day Laborer Organizing Network), basée à Los Angeles, et de celle de défense des droits des migrants Puente, qui voulaient marcher sur le Congrès régional.

En revanche, dans 18 États du pays, des parlementaires et candidats aux élections entendent faire passer des lois anti-immigration similaires à celles de l'Arizona à la reprise de la session parlementaire en 2011.

L'Arizona est l'épicentre américain de l'immigration clandestine, avec plus de 400 000 clandestins. La frontière avec le Mexique est assaillie par les trafiquants qui font passer drogue et migrants aux États-Unis. Cet afflux de clandestins pèse lourdement sur les finances des services hospitaliers ou éducatifs.

L'Arizona a fait valoir l'échec du gouvernement fédéral à sécuriser la frontière pour prendre les choses en mains. Le ministère fédéral de la Justice a répondu que cette législation était inconstitutionnelle et qu'autoriser l'adoption de mesures au niveau régional mettrait en péril l'approche équilibrée soigneusement élaborée par le Congrès.